Ricard, Matthieu (90)

Matthieu Ricard, né le 15 février 1946 à Aix-les-Bains (France), est un essayiste et photographe français. Après l'obtention d'un doctorat en génétique, il devient moine bouddhiste tibétain. Il réside principalement au monastère de Shéchèn au Népal. Traducteur depuis le tibétain vers le français et l'anglais, il est depuis 1989 l’interprète en français du dalaï-lama. En 2000, il fonde l'association humanitaire Karuna-Shechen. Depuis cette même année, il fait partie du Mind and Life Institute, association qui facilite les rencontres entre la science et le bouddhisme.

Ricard, Matthieu

On peut définir la spiritualité comme un exercice soutenu et réfléchi pour devenir un meilleur être humain, acquérir une plus large compréhension de la nature de notre esprit et développer l'altruisme.

Sagesse - 18/20

Le plaisir devient suspect dès qu'il engendre le besoin insatiable de sa répétition.

Sagesse - 17/20

Nous redoutons de tourner notre regard vers l'intérieur. Il nous faut vivre intensément, mais cette intensité est entièrement liée au monde extérieur, aux sensations visuelles, auditives, gustatives et olfactives. Quand nous nous intéressons à l'intérieur, il s'agit de rêveries, de fantasmes : on ressasse le passé, on se perd dans la vaine imagination du futur.

Sagesse - 16/20

Le non-attachement n'est pas un rejet, mais une liberté qui prévaut lorsqu'on cesse de s'accrocher aux causes mêmes de la souffrance.

Sagesse - 15/20

Soukha (le bonheur véritable selon le bouddhisme) est l'état de plénitude durable qui se manifeste quand on s'est libéré de l'aveuglement mental et des émotions conflictuelles. C'est aussi la sagesse qui permet de percevoir le monde tel qu'il est, sans voiles ni déformations. C'est enfin la joie de cheminer vers la liberté intérieure, et la bonté aimante qui rayonne vers les autres.

Sagesse - 17/20

Même le suicidé qui coupe court à une détresse insupportable tend désespérément vers le bonheur.

Sagesse - 14/20

Puisse chaque instant de ma vie et de celle des autres être un instant de joie et de paix intérieure !

Sagesse - 16/20

Certains pensent qu'il faut parfois se sentir mal à l'aise, qu'il faut des "journées nulles" dans la vie pour mieux apprécier la richesse d'instants de félicité et "bénéficier de l'agrément du contraste"; [...] Cette attitude ambivalente à l'égard de la souffrance reflète également l'influence persistante du sentiment de culpabilité associé au péché originel dans la civilisation judéo-chrétienne.

Sagesse - 17/20

En affirmant que "le bonheur est la satisfaction de tous nos penchants" dans toute leur "variété", leur "intensité" et leur "durée", Kant le relègue d'emblée dans le domaine de l'irréalisable.

Sagesse - 16/20

N'a-t-on pas rabâché que l'argent ne fait pas le bonheur, que le pouvoir corrompt les plus honnêtes, que les don Juan sont blasés par leurs conquêtes et que la célébrité gâche toute vie privée. L'échec, la ruine, la séparation, la maladie et la mort sont à tout moment prêts à réduire en cendres notre petit paradis.

Sagesse - 16/20

Pourquoi consacrons-nous si peu de temps et d'efforts pour améliorer notre condition intérieure ? N'est-ce pas elle qui détermine la qualité de notre vie ? Quelle curieuse hésitation, crainte ou inertie nous empêche de regarder en nous-mêmes, d'essayer de comprendre la nature profonde de la joie et de la tristesse, du désir et de la haine ?.

Sagesse - 17/20

On peut éprouver du plaisir au détriment des autres, mais on ne saurait en retirer du bonheur. Le plaisir peut se conjuguer avec la méchanceté, la violence, l'orgueil, l'avidité et d'autres états mentaux incompatibles avec un bonheur véritable.

Sagesse - 16/20

L'acquisition de connaissances est, elle aussi, une tâche infinie. Pourquoi accepter celle-là et négliger la construction de soi-même, qui détermine la qualité de notre vécu ?.

Sagesse - 16/20

Nous doutons de la présence d'un potentiel de perfection en chaque être. Rappelons que selon le bouddhisme, la réalisation spirituelle est un épanouissement de ce potentiel.

Sagesse - 15/20

Si l'on tourne son regard vers l'intérieur et que l'on observe à long terme la manière dont fonctionne l'esprit, on s'aperçoit que les émotions négatives, la colère par exemple, sont plus périphériques et moins fondamentales que l'amour et la tendresse.

Spiritualité - 16/20

La relation entre bonté et bonheur est claire. Ils s'engendrent et se renforcent l'un l'autre et tous deux reflètent un accord avec notre nature profonde. La joie et la satisfaction sont étroitement liées à . l'amour et à la tendresse. Le malheur, lui, va de pair avec 1'égoïsme et l'hostilité.

Sagesse - 16/20

La nature première de l'esprit est la faculté cognitive qui "éclaire", dans le sens où elle perçoit tout ce que nous connaissons. Cette faculté sous-tend les pensées, mais n'est pas elle-même essentiellement modifiée par ces dernières. La nature de l'esprit n'est donc fondamentalement ni bonne ni mauvaise.

Savoir - 17/20

Avoir l'esprit simple n'est pas être simple d'esprit.

Savoir - 17/20

Le non-attachement, c'est la force tranquille de qui est déterminé à ne pas se laisser mener par ses pensées, ni accaparer par toutes sortes d'activités et d'ambitions triviales, lesquelles dévorent son temps et ne lui apportent en fin de compte que des satisfactions mineures et éphémères. Le non attachement n'est en rien de l'indifférence, il a une connotation de joie, d'effort enthousiaste et de liberté.

Spiritualité - 16/20

Le renonçant n'est pas un masochiste qui considère comme mauvais tout ce qui est bon : qui s'accommoderait d'une telle ineptie ? C'est celui qui a pris le temps de regarder en lui-même et constaté que certains aspects de sa vie ne méritaient pas qu'il s'y accroche.

Sagesse - 15/20

Être libre, c'est être maître de soi-même. Pour beaucoup de gens, une telle maîtrise concerne la liberté d'action, de mouvement et d'opinion, l'occasion de réaliser les buts qu'on s'est fixés. Ce faisant, on situe principalement la liberté à l'extérieur de soi, sans prendre conscience de la tyrannie des pensées.

Liberté - 16/20

La paix est un trésor de l'esprit qui ne s'acquiert pas sans efforts.

Sagesse - 16/20

Le bouddhisme qualifie le monde de "conditionné", dans la mesure où tous les éléments qui le composent résultent d'un nombre infini de causes et de circonstances toutes sujettes à l'impermanence et à la destruction.

Métaphysique - 15/20

Notre appréciation de la douleur dépend aussi de notre esprit : c'est lui qui réagit à la douleur par la peur, la révolte, le découragement, l'incompréhension ou le sentiment d'impuissance, de sorte qu'au lieu de subir un seul tourment, nous les cumulons. [...] Dans la tradition bouddhiste, on a souvent recours à ce que la psychologie moderne appelle l'imagerie mentale en vue de modifier la perception de la douleur. On visualise, par exemple, un nectar bienfaisant, lumineux qui imprègne l'endroit où la douleur est la plus pénible et la dissout peu à peu en une sensation de bien-être. Puis ce nectar emplit le corps tout entier et la sensation douloureuse s'estompe

Spiritualité - 17/20

Si le bonheur est une manière d'être, un état de connaissance et de liberté intérieure, il n'y a rien qui puisse fondamentalement empêcher sa réalisation.

Sagesse - 15/20

Penser que la nature humaine est essentiellement corrompue teinte de pessimisme notre vision de l'existence et nous fait douter du fondement même de la quête du bonheur, c'est-à-dire de la présence d'un potentiel de perfection en chaque être.

Sagesse - 15/20

Si le sage peut être heureux, c'est que le bonheur existe.

Sagesse - 18/20

Ainsi, acquérant peu à peu, grâce à l'expérience introspective, une meilleure connaissance de la façon dont surgissent les pensées, on apprend à ne plus être la proie des poisons mentaux.

Sagesse - 16/20

Cela crève le cœur d'être trompé par l'être auquel on est très attaché, mais le responsable de cette souffrance brûlante, c'est encore l'amour de soi.

Amour - 16/20

De fait, moins on est influencé par le sentiment de l'importance de soi, plus il est facile d'acquérir une force intérieure durable. Le sentiment de l'importance de soi constitue une cible exposée à toutes sortes de projectiles mentaux - jalousie, peur, avidité, répulsion - qui ne cessent de déstabiliser l'esprit.

Sagesse - 17/20

Le mot tibétain gom, que l'on traduit généralement par méditation, signifie plus exactement «familiarisation». La méditation en effet ne consiste pas simplement à s'asseoir tranquillement à l'ombre d'un arbre et à se détendre pour jouir d'un moment de répit dans ses activités quotidiennes, mais à se familiariser avec une nouvelle vision des choses, une nouvelle façon de gérer ses pensées, de percevoir les êtres et le monde des phénomènes. Le bouddhisme enseigne diverses méthodes pour réussir cette «familiarisation ». Les trois principales sont les antidotes, la libération et l' utilisation. La première consiste à rechercher un antidote spécifique pour chaque émotion négative. La deuxième permet de dénouer ou «libérer» l'émotion en découvrant sa nature véritable. La troisième méthode utilise la force de chaque émotion comme un catalyseur de transformation intérieure. Le choix de l'une ou l'autre de ces méthodes dépend du moment, des circonstances et des capacités de celui qui les utilise. Toutes ont en commun un point essentiel et un même but : nous aider à ne plus être victime des émotions conflictuelles.

Sagesse - 17/20

L'envie et la jalousie procèdent de l'incapacité fondamentale à se réjouir du bonheur ou du succès d'autrui.

Morale - 15/20

Puisque l'amour altruiste agit comme un antidote direct contre la haine, plus on le développe, plus le désir de nuire s'amenuisera pour finalement disparaître. […] Suivant une pratique bouddhiste traditionnelle, on commence par raviver sa propre aspiration au bonheur, puis on étend cette aspiration à ceux qui nous sont chers, et enfin à tous les êtres, amis, inconnus et ennemis. Peu à peu, l'altruisme imprégnera de plus en plus notre esprit, jusqu'à devenir une seconde nature. Ainsi, l'entraînement à la pensée altruiste est une protection durable contre l'animosité et l'agressivité chroniques.

Amour - 16/20

Il est impossible à l'avidité ou au désir-passion de coexister avec le détachement, lequel permet de goûter la paix intérieure et de se reposer à l'ombre fraîche de la sérénité.

Sagesse - 15/20

Si vous ,pensez que tout est parfait dans votre vie, soit vous êtes un Bouddha, soit vous êtes complètement idiot.

Sagesse - 16/20

Le bouddhisme ne prône pas l'abolition des désirs simples ni des aspirations essentielles, mais la liberté à l'égard des désirs asservissants, ceux qui entraînent une foule de tourments inutiles.

Sagesse - 15/20

Les plaisirs, une fois goûtés, ne demeurent pas, ne s'accumulent pas, ne se conservent pas et ne fructifient pas : ils s'évanouissent. Il n'est donc guère réaliste d'espérer qu'ils nous procureront un jour une félicité durable.

Sagesse - 17/20

Désir Un exemple classique est celui de la démangeaison. On cherche instinctivement à la soulager en se grattant. Ce soulagement est certes agréable sur le moment, mais la démangeaison ne tarde pas à revenir, plus irrésistible que jamais, et l'on finit par se gratter jusqu'au sang.

Sagesse - 15/20

Tout désir passionnel (nous ne parlons pas ici de sensations primaires comme la faim ou la soif) est précédé d'une image mentale. La formation de cette image peut être déclenchée par un objet extérieur (une forme, un son, un contact, une odeur ou un goût) ou intérieur (un souvenir ou un fantasme). Même si nous sommes influencés par des tendances latentes, même si le désir - sexuel en premier lieu - est inscrit dans notre constitution physique, il ne peut s'exprimer sans une représentation mentale. La pensée d'une personne attirante donne naissance au désir, la pensée d'un danger provoque la peur, la pensée d'une perte engendre la tristesse, et la pensée qu'une limite a été transgressée déclenche la colère. Lorsqu'on ressent l'une de ces émotions, il n'est pas très difficile de retracer l'enchaînement de pensées qui y a conduit.

Spiritualité - 15/20

Généralement, dès lors que les images mentales liées à un désir commencent à proliférer dans l'esprit, soit on assouvit ce désir, soit on le réprime. Dans le premier cas il y a abandon de la maîtrise de soi, dans le second un conflit se déclenche. Le conflit intérieur créé par la répression est toujours une source de tourment. À l'opposé, choisir l'assouvissement, c'est se dire : « À quoi bon tant de complications, assouvissons notre désir, et n'en parlons plus ». Le problème, c'est qu'on en reparlera très bientôt : l'assouvissement n'est qu'un répit. Les images mentales que le désir ne cesse de former resurgissent très vite. Or, plus l'assouvissement sera fréquent, plus ces images deviendront nombreuses, envahissantes et contraignantes. Nous avons ainsi déclenché une autocombustion du désir : plus on boit de l'eau salée, plus on a soif. Le renforcement répété des images mentales conduit à l'habitude et à la dépendance, mentale et physique. À ce point, l'expérience du désir est ressentie davantage comme une servitude que comme une satisfaction. Nous avons perdu notre liberté.

Spiritualité - 17/20

Le désir obsédant qui accompagne souvent la passion amoureuse dégrade l'affection, la tendresse, la joie d'apprécier et de partager la vie d'autrui. Il se situe à antipode de l'amour altruiste. Il procède d'un égocentrisme maladif qui, en l'autre, ne chérit que soi-même ou, pire, tente de construire son propre bonheur à ses dépens.

Sagesse - 15/20

Une relation particulière .avec un compagnon ou une compagne n'a aucune raison de limiter l'amour et la compassion que l'on peut ressentir pour tous les êtres. Cette limitation, lorsqu'elle produit, s'appelle l'attachement. Cet attachement est source de souffrance car le désir possessif et exclusif, l'obsession et la jalousie n'ont de sens que dans l'univers clos de l'attachement.

Amour - 14/20

L'obsession de l'image qu'on doit donner de soi est telle que l'on ne se pose même plus la question du bien-fondé du paraître, mais seulement celle du comment bien apparaître.

Sagesse - 17/20

Pour excessives que soient les complications de la jalousie, il ne faut pas oublier qu'elle est fondamentalement une incapacité à se réjouir du bonheur d'autrui. Qui plus est, la jalousie est absurde pour celui qui la ressent, puisque à moins qu'il n'ait recours à la violence, il en est la seule victime.

Amour - 16/20

L'humilité est aussi une attitude essentiellement tournée vers les autres et leur bien-être. Des études de psychologie sociale ont montré que les personnes qui se surestiment présentent une tendance à l'agressivité supérieure à la moyenne. On a également mis en évince un lien entre l'humilité et la faculté de pardonner. Les personnes qui s'estiment supérieures jugent plus durement les fautes des autres et les considèrent comme moins pardonnables.

Sagesse - 16/20

Il ne faut pas sous-estimer les bienfaits de l'humilité, car si la suffisance est l'apanage du sot, l'humilité est la vertu féconde de celui qui mesure tout ce qui lui reste à apprendre et l'étendue du chemin qu'il doit encore parcourir.

Sagesse - 17/20

Cu1turel1ement, le sentiment de culpabilité est influencé en Occident par la notion de péché originel. Dans un autre contexte culturel, en Orient notamment, on considère que "la seule qualité d'une faute réside dans le fait qu'elle peut être réparée".

Savoir - 14/20

Le regret se concentre sur un acte particulier : «J'ai fait une chose horrible », tandis que le sentiment de culpabilité, même s'il est déclenché par un acte précis, déborde sur l'être tout entier : «Je suis quelqu'un d'horrible. »

Savoir - 15/20

La plupart du temps, ce ne sont pas les événements extérieurs, mais notre propre esprit et ses émotions négatives qui nous rendent incapables de préserver notre paix intérieure et nous font sombrer. [...] Rien ne va plus dehors, parce que rien ne va plus dedans. [...] Ce nœud qui oppresse notre poitrine est le résultat de constructions mentales qui, en s'accumulant et se solidifiant, donnent l'illusion d'être extérieures et réelles. Et ce qui fournit la matière première de ce nœud et lui permet de se former en nous, c'est le sentiment de l'importance de soi.

Sagesse - 15/20

Lorsqu'une émotion douloureuse nous frappe, le plus urgent est de la regarder en face, en l'isolant des pensées envahissantes qui l'attisent. En maintenant simplement le regard intérieur sur l'émotion elle-même (d'où tire-t-elle son pouvoir ? a-t-elle une substance ? une localisation ? une couleur?), celle-ci s'évanouit graduellement comme la neige fond au soleil. De plus, une fois que la force de l'émotion aura décru, les raisons qui l'ont déclenchée ne paraîtront plus aussi dramatiques et nous aurons ainsi une chance de sortir du cercle vicieux des pensées négatives.

Sagesse - 17/20

Le dégoût de la vie vient d'une totale ignorance ou du mépris de notre richesse intérieure. D'un refus de regarder en soi et de comprendre que c'est en cultivant la sérénité pour soi et la bonté envers les autres que l'on pourra respirer cet oxygène qu'est la joie de vivre.

Sagesse - 15/20

L'objet de la méditation est l'esprit. […] D'après le bouddhisme, l'esprit n'est pas une entité mais un flot dynamique d'expériences, une succession d'instants de conscience. Ces expériences sont souvent marquées par la confusion et la souffrance, mais elles peuvent aussi être vécues dans un état spacieux de clarté et de liberté intérieure.

Spiritualité - 17/20

Plusieurs programmes de recherches scientifiques ont étudié les effets de la méditation pratiquée sur de longues durées. Il en ressort qu'il est possible de développer considérablement des qualités telles que l'attention, l'équilibre émotionnel, l'altruisme et la paix intérieure.

Spiritualité - 16/20

Les techniques de méditation visent à transformer l'esprit. Il n'est pas nécessaire de leur attacher une étiquette religieuse particulière. Chacun de nous a un esprit, chacun peut travailler avec celui-ci.

Spiritualité - 16/20

Il apparaît clairement que le sentiment d'harmonie associé à l'amour d'autrui possède une qualité propre qui se suffit à elle-même.

Spiritualité - 15/20

Notre esprit est fréquemment perturbé. Nous sommes affectés par des pensées douloureuses, envahis par la colère, blessés par les paroles dures lue nous adressent les autres. Dans ces moments-là, qui ne rêverait de contrôler ses émotions pour être libre et maître de lui-même ? Nous nous passerions volontiers de ces tourments, mais, ne sachant pas comment procéder, nous préférons penser qu'après tout, « c'est la nature humaine ». Or, ce qui est « naturel » n'est pas nécessairement souhaitable.

Spiritualité - 15/20

La qualité première de la conscience est simplement de "connaître" et n'est intrinsèquement ni bonne ni mauvaise. […] Bien que cette faculté de connaître sous-tende chaque événement mental, elle n'est pas en elle-même affectée par cet événement. […] Le fond neutre et «lumineux» de la conscience nous offre l'espace nécessaire pour observer les événements mentaux au lieu d'être à leur merci, puis pour créer les conditions de leur transformation.

Spiritualité - 16/20

Nous ne pouvons pas choisir ce que nous sommes, mais nous pouvons souhaiter nous améliorer.

Liberté - 18/20

Nous déployons beaucoup d'efforts pour améliorer les conditions extérieures de notre existence, mais en fin de compte c'est toujours notre esprit qui fait l'expérience du monde et le traduit sous forme de bien-être ou de souffrance. Si nous transformons notre façon de percevoir les choses, nous transformons la qualité de notre vie. Et ce changement résu1te d'un entraînement de l'esprit que l'on appelle « méditation ».

Spiritualité - 18/20

Les recherches scientifiques dans le domaine de la « neuroplasticité » montrent que toute forme d'entraînement (de l'esprit) induit des réorganisations importantes dans le cerveau, au niveau fonctionnel comme au plan structurel.

Spiritualité - 16/20

L'amour altruiste, ce sentiment qui, selon le bouddhisme, consiste à souhaiter que les autres soient heureux, de même que la compassion - définie comme le désir de remédier à la souffrance d'autrui et à ses causes - ne sont pas simplement de nobles sentiments : ils sont fondamentalement en harmonie avec la réalité des choses. [...] Cultiver l'amour et la compassion est un pari doublement gagnant : l'expérience montre que ce sont les sentiments qui nous font le plus de bien, et que les comportements qu'ils engendrent sont perçus par autrui comme bienfaisants.

Spiritualité - 18/20

Sans vouloir faire de sensationnalisme, il importe de souligner à quel point la méditation et l'« entraînement de l'esprit» peuvent changer une vie. Nous avons tendance à sous-estimer le pouvoir de transformation de notre esprit et les répercussions que cette «révolution intérieure», douce et profonde entraînent sur la qualité de notre vécu. .

Spiritualité - 16/20

On reproche parfois aux pratiquants de la méditation d'être trop centrés sur eux-mêmes, de se complaire dans une certaine introspection égocentrique au lieu de s'occuper des autres. On ne peut pourtant pas traiter d'égoïste une démarche oui a pour but d'éradiquer l'obsession de soi et de cultiver l'altruisme.

Spiritualité - 14/20

Être libre, c'est être maître de soi-même.

Liberté - 17/20

Le fruit de la méditation est ce que l'on pourrait appeler une manière d'être optimale ou un bonheur authentique. Ce bonheur-là n'est pas constitué d'une succession de sensations et d'émotions plaisantes. c'est le sentiment profond d'avoir réalisé de la meilleure des façons le potentiel de connaissance et d'accomplissement qui se trouve en soi. L'aventure en vaut la peine. .

Spiritualité - 16/20

L'une des principales difficultés que l'on rencontre en essayant d'examiner son esprit est la conviction profonde, et souvent inconsciente, que l'on est comme on est, et que l'on n'y peut rien changer. [...] Or presque toute la communauté scientifique s'accorde à penser que le cerveau est structuré de telle sorte qu'il est possible d'effectuer de véritables changements dans notre expérience de tous les jours.

Spiritualité - 15/20

Comprendre que le changement est inscrit dans la nature de tous les phénomènes du monde animé ou inanimé nous évite de nous accrocher aux choses comme si elles devaient durer éternellement. Cette dernière attitude se traduit tôt ou tard par la souffrance puisqu'elle est en porte-à-faux avec la réalité. De plus, lorsque le changement se manifestera, nous comprendrons qu'il est dans la nature même des choses, et nous en serons moins affectés.

Spiritualité - 15/20

On sait que l'amitié va de pair avec le bonheur, mais sommes-nous heureux parce que nous avons beaucoup d'amis, ou avons-nous beaucoup d'amis parce que nous sommes heureux ? Toutes les corrélations mises en évidence par la psychologie sociale sont indéniables, mais dans la plupart des cas on ignore si elles agissent en tant que causes ou en tant que conséquences.

Amitié - 16/20

L'ennui est le mal de ceux pour qui le temps n'a plus de valeur.

Temps - 17/20

Afin de soulager notre souffrance, nous pouvons cultiver un véritable détachement. Le détachement ne consiste pas à nous arracher douloureusement à ce que nous aimons, mais à adoucir la manière dont nous le percevons. Si nous regardons l'objet de notre attachement avec une simplicité nouvel1e, nous comprenons que ce n'est pas cet objet qui nous fait souffrir, mais la façon dont nous nous cramponnons à lui.

Sagesse - 15/20

Lorsque nous sortons de l'instant d'aveuglement durant lequel il est si difficile d'agir sur une émotion puissante, et que notre esprit se trouve libéré de la charge émotionnelle qui l'a tant perturbé, nous avons peine à croire qu'une émotion ait pu nous dominer à ce point. Il y a là un grand enseignement : ne jamais sous-estimer le pouvoir de l'esprit, capable de cristalliser de vastes mondes de haine, de désir, d'exaltation et de tristesse.

Spiritualité - 16/20

Trois conclusions principales se dégagent des recherches en psychologie sociale. Premièrement, nous avons une prédisposition génétique à être heureux ou malheureux : environ 50 % de la tendance au bonheur peuvent être attribués aux gènes. Deuxièmement, les conditions extérieures et autres facteurs généraux (statut social, éducation, loisirs, richesse, sexe, âge, ethnie, etc.) ont une influence circonstancielle mais n'expliquent que 10 % à 15 % des variations dans la satisfaction de vie. Troisièmement, on peut influencer considérablement l'expérience du bonheur et du malheur par sa manière d'être et de penser, par la façon dont on perçoit les événements de l'existence et dont on agit en conséquence. Fort heureusement, car si la faculté d'être heureux était invariable, étudier le phénomène du bonheur et essayer d'être plus heureux n'aurait aucun sens.

Spiritualité - 16/20

Selon K. Magnus et ses collaborateurs, le bonheur va de pair avec la capacité de s'affirmer, avec l'extraversion et l'empathie : les gens heureux sont en général ouverts au monde. Ils pensent que l'individu peut exercer un contrôle sur lui-même et sur sa vie, alors que les gens malheureux ont tendance à se croire les jouets du destin.

Spiritualité - 14/20

Une dimension spirituelle aide à fixer un but dans l'existence, elle valorise les valeurs humaines, la charité, l'ouverture, autant de facteurs qui rapprochent davantage du bonheur que du mal-être. Elle nous évite l'idée désabusée qu'il n'y a aucune direction à suivre, que la vie n'est autre que le combat égoïste du "chacun pour soi".

Spiritualité - 15/20

On s'imagine a priori que la santé devrait influer considérablement sur le bonheur et qu'il est difficile d'être heureux quand on est frappé d'une maladie grave et contraint d'être hospitalisé. Mais il s'avère que ce n'est pas le cas, et que, même dans ces conditions, on retrouve vite le niveau de bonheur qui était le sien avant la maladie. Des études menées auprès de patients cancéreux ont montré que leur niveau de bonheur était à peine inférieur à celui du reste de la population.

Spiritualité - 16/20

Lors d'un Forum de la Banque mondiale qui s'est tenu en février 2002 à Katmandou, au Népal, le représentant du Bhoutan, royaume himalayen grand comme la Suisse, affirma que, si l'indice du Produit National Brut (PNB) de son pays n'était pas très élevé, en revanche il était plus que satisfait de l'indice du Bonheur National Brut. Sa remarque fut accueillie par des sourires amusés en public et l'on s'en moqua en coulisse. Mais les pontes des pays « surdéveloppés» ne s'imaginaient pas que les délégués bhoutanais avaient de leur côté des sourires où se mêlaient amusement et désolation.

Spiritualité - 16/20

Du point de vue des sciences cognitives, on pourrait décrire la méditation comme un effort systématique de focalisation de l'attention et des facultés mentales et émotionnelles qui l'accompagnent. .

Spiritualité - 14/20

Pour le bouddhisme, un acte est essentiellement mauvais s'il engendre notre souffrance ou celle d'autrui, bon s'il engendre notre bien-être véritable ou celui d'autrui. À l'égard des autres, c'est la motivation, altruiste ou malveillante, qui colore un acte. Car, faire souffrir autrui, c'est aussi provoquer notre propre souffrance, dans l'immédiat ou à plus longue échéance, alors qu'apporter du bonheur à autrui est en fin de compte la meilleure façon d'assurer le nôtre.

Morale - 16/20

On doit renoncer à tout plaisir égoïste - auquel on ne saurait donner le nom de bonheur - que l'on ne peut obtenir qu'au détriment d'autrui.

Morale - 14/20

Pour que l'éthique reste humaine, elle doit refléter l'aspiration la plus profonde de tout être vivant, celle de l'homme comme de l'animal, à savoir : connaître le bien-être et éviter la souffrance. Ce désir ne dépend d'aucune philosophie et d'aucune culture : il est le dénominateur commun de tous les êtres sensibles. D'après le philosophe Han de Wit : « Ce désir humain, universel, n'est pas basé sur des opinions ou des idées, ni sur le jugement moral qui décréterait qu'il est bon de l'éprouver. [...] Ce n'est plus question ici de définir le Bien et le Mal dans l'absolu, mais de prendre conscience du bonheur et de la souffrance que l'on engendre, en actes, en paroles et en pensées. Deux facteurs principaux sont déterminants : la motivation et le résultat de nos actes. Nous sommes loin de maîtriser l'évolution des événements extérieurs, mais, quelles que soient les circonstances, nous pouvons toujours adopter une motivation altruiste.

Morale - 16/20

Chaque fois que l'on exclut de l'éthique, l'amour, la compassion et le pardon, on la prive de son essence même.

Morale - 17/20

Le riche n'a que peu de compassion pour le pauvre car il ne sait pas s'imaginer pauvre. Le pêcheur inflige une cruelle torture au poisson parce qu'il ne sait pas s'imaginer poisson. C'est pour cette raison que l'éthique bouddhiste demande que l'on commence par accorder de l'importance au point de vue de l'autre, puis qu'on l'aime comme soi-même, et enfin qu'on lui accorde la plus grande importance, car nous ne sommes qu'un seul être au regard des autres qui sont innombrables.

Morale - 15/20

Un dilemme classique nous aide à mieux comprendre l'approche pragmatique du bouddhisme. Il est résumé par André Comte-Sponville : «S'il fallait pour sauver l'humanité condamner un innocent (torturer un enfant, dit Dostoïevski), faudrait-il s'y résigner ? Non, répondent les philosophes. Le jeu n'en vaudrait pas la chandelle, ou plutôt ce ne serait pas un jeu mais une ignominie. "Car si la justice disparaît, écrit Kant, c'est chose sans valeur que le fait que des hommes vivent sur la Terré."» Et Comte-Sponville poursuit : «L'utilitarisme touche ici à sa limite. Si la justice n'était qu'un contrat d'utilité, [...] qu'une maximisation du bien-être collectif [...] il pourrait être juste, pour le bonheur de presque tous, d'en sacrifier quelques-uns, sans leur accord et fussent-ils parfaitement innocents et sans défense. Or c'est ce que la justice interdit, ou doit interdire. Rawls a raison, ici, après Kant : la justice vaut plus et mieux que le bien-être ou l'efficacité, et ne saurait - fût-ce pour le bonheur du plus grand nombre - leur être sacrifiée. La sagesse bouddhiste conclut exactement à l'inverse : il s'agit de faire le choix du moindre mal en terme de souffrance et de sacrifier l'enfant.

Morale - 16/20

Les règles morales et les lois sont justifiées car certains actes sont presque toujours nuisibles : voler, tuer, mentir. Mais elles restent des lignes directrices. La sagesse altruiste est ce qui permet de reconnaître l'exception nécessaire. Le vol est répréhensible en général, mais lorsqu'en période de famine, par compassion, on vole de la nourriture à un riche avare pour la donner à ceux qui meurent de faim, le vol n'est plus répréhensible, il est désirable.

Morale - 16/20

La sagesse est précisément ce qui permet de distinguer les pensées et les actes qui contribuent au bonheur authentique de ceux qui le détruisent. Or la sagesse relève de l'expérience, non de dogmes. C'est elle qui, unie à une motivation altruiste, permet de juger, cas par cas, de l'opportunité d'une décision.

Sagesse - 17/20

En vérité, chaque étape est une avancée vers la plénitude et la satisfaction profonde. Le voyage spirituel revient à voyager d'une vallée à l'autre : le passage de chaque col dévoile un paysage plus magnifique que le précédent.

Spiritualité - 15/20

Le but de l'ascétisme est la maîtrise de l'esprit. En dehors de cela, à quoi bon l'ascétisme ?

Spiritualité - 17/20

Le bonheur est le résultat d'un mûrissement intérieur. Il dépend de nous seuls, au prix d'un travail patient, poursuivi de jour en jour. A long terme, le bonheur et le malheur sont donc une manière d'être ou un art de vivre.

Sagesse - 17/20

Le savoir confère du pouvoir et le pouvoir exige le sens des responsabilités, le sentiment d'être comptable des conséquences directes ou indirectes de ses actes.

Morale - 17/20

En fait, les fondements de l'éthique (bouddhiste) sont très simples. Il n'y a pas de bien et de mal en soi, il n'y a de bien et de mal qu'en termes de bonheur et de souffrance pour autrui et pour soi-même. Si nous savons faire naître en nous une attitude altruiste [...], cet altruisme devient le plus sûr guide de notre jugement. [...] Ce sont nos intentions qui déterminent le caractère véritable de nos actes, quelles que soient les apparences de ces derniers.

Morale - 17/20