André Comte-Sponville, né le 12 mars 1952 à Paris, est un philosophe français. Il se fait connaître du grand public avec la publication, en 1995, de son septième livre Petit Traité des grandes vertus.
Comment vivre heureux sans apprendre à accepter la mort ?
Mort - 17/20
En moi, hors de moi, partout, toujours : des atomes et du vide. Le 'JE' n'est qu'un JEU d'atomes, dans toutes les acceptations du terme : un ensemble, un fonctionnement, une activité qui n'a d'autre but que le plaisir qu'il procure.
Métaphysique - 17/20
Quelle est la cible de vivre ? Il n'y en a pas. La vie est elle-même sa propre visée, comme dit Montaigne, et c'est pourquoi le sage n'en attend rien : puisqu'il a tout quand il l'a. Il ne vit pas pour : il vit, simplement. Il n'espère pas : il agit. Il ne regrette pas : il se souvient. Ni espérance ni nostalgie ; ni crainte ni remord.
Sens de la vie - 16/20
Espérance ou espoir C'est un désir qui porte sur ce qu'on n'a pas, ou qui n'est pas (espérer c'est désirer sans jouir), dont on ignore s'il est ou sera satisfait (espérer c'est désirer sans savoir), enfin dont la satisfaction ne dépend pas de nous (espérer c'est désirer sans pouvoir).
Sagesse - 18/20
Espérer un peu moins et aimer un peu plus. Voilà la sagesse du gai désespoir. Le vrai désespoir ne saurait être triste : sans quoi il ne pourrait qu'espérer la fin de sa tristesse, et s'annulerait dans cette contradiction.
Sagesse - 18/20
Esprit La vérité, pour autant qu'on y accède, est la même pour tous. C'est en quoi elle est libre (elle n'obéit à personne, pas même au cerveau qui la pense) et libère. Cette liberté en nous, qui n'est pas celle d'un sujet mais de la raison, c'est l'esprit même.
Liberté - 17/20
Est moral, ce qui est conforme à la vie ou à l'intérêt de l'espèce (Darwin), aux intérêts de la société (Durkheim), à la raison (universalisable sans contradiction, Kant), à l'amour (Jésus, Saint Augustin,... ), et ceci dans la tension qu'imposent ces quatre registres : ils ne vont pas toujours dans le même sens, ce qui nous laisse aussi une marge de jeu, de choix, d'hésitation...
Morale - 18/20
Est rationnel ce que la raison peut connaître ou expliquer. Est raisonnable ce que la raison peut justifier, eu égard à un certain nombre de désirs ou d'idéaux donnés par ailleurs. Cet ailleurs est l'histoire ; cette égard est pensée.
Savoir - 15/20
L'amour n'existe pas. C'est pourquoi il faut le faire.
Humour - 17/20
Je n'ai jamais vu personne, même chez les esprits les plus ouverts, qui pensât avoir tort de penser ce qu'il pensait au moment où il le pensait car dès lors, il eût penser autre chose et eût été convaincu d'avoir raison. 'J'ai tort' ne se pense qu'au passé, cela s'appelle changer d'avis, expression qui signifie qu'on pense avoir raison de penser qu'on a eu tort. Savoir, c'est savoir qu'on sait ; penser, c'est penser ce qu'on pense et donc l'approuver.
Savoir - 17/20
Qu'est-ce donc que je suis ? Une chose qui pense et donc un esprit, répondrait Descartes. Une chose qui pense et donc un corps pensant, répondrait un matérialiste. Être matérialiste, ce n'est pas affirmer que l'esprit n'existe pas, c'est affirmer qu'il n'existe que de façon seconde et déterminée. [...] Penser l'esprit comme acte (du corps), non comme une substance, comme valeur, non comme être, enfin comme création plutôt que comme créateur ou créature. Les matérialistes comme Épicure, Hobbes, Diderot, Marx, Freud, Althusser avaient bien entendu des idées et même des idéaux mais ils s'interdisaient (ou auraient du s'interdire) de les ériger en absolus.
Métaphysique - 15/20
L'athéisme est une forme d'humilité. C'est se prendre pour un animal, comme nous sommes en effet, et nous laisser la charge de devenir humain.
Religion - 17/20
L'égalité de tous les êtres humains en droit et en dignité est une valeur morale essentielle que la politique et le droit essaient, dans nos pays démocratiques, de respecter à peu près. Nous sommes loin du compte : le combat continue ! L'égalité sociale ou économique, par contre, est à peu près exclue par le capitalisme, qui veut que la richesse soit un facteur d'enrichissement, et que les talents individuels eux-mêmes soient source d'inégalité.
Politique et économie - 17/20
L'égalité des biens est juste mais…
Politique et économie - 17/20
L'ego n'a aucune existence propre ; il n'est qu'un autre nom pour le mental (c'est comme une pensée qui croirait à son identité substantielle : comme un flux qui se prendrait pour une substance, comme un effet qui se prendrait pour un principe, comme une histoire qui se prendrait pour une essence), et n'existe donc, comme lui, que dans le refus ou la séparation. Tout ego par conséquent est ému, comme toute émotion est égoïste ("pas d'ego, pas d'émotion").
Métaphysique - 17/20
Les croyants reconnaissent ordinairement à leur Dieu quatre attributs principaux, dont chacun serait sans limite : l'être (Dieu est infini et éternel), la puissance (Dieu est tout-puissant), la connaissance (Dieu est omniscient), enfin, la bonté ou l'amour (Dieu est parfaitement bon et infiniment aimant).
Religion - 16/20
Un orgasme simultané, cela fait quand même deux orgasmes.
Vie Pratique - 17/20
Une action n'est bonne que si le principe auquel elle se soumet peut être érigé en loi universelle.
Morale - 16/20
Une idée que personne n'aurait jamais eue, cela a toute chance d'être une sottise !
Savoir - 16/20
Les démocraties n'échappent au populisme que par l'effort en chacun de penser. La démocratie est donc à charge des citoyens.
Politique et économie - 15/20
Le beau et le bien sont fils du désir. 'Pour ma part, disait déjà Épicure, je ne sais ce qu'est le bien, si l'on écarte les plaisirs de la table, ceux de l'amour, et tout ce qui charme les oreilles et les yeux'. Tout vient du corps (du 'ventre') comme disait Épicure.
Sagesse - 18/20
Les meilleurs auteurs sont ceux qui travaillent sérieusement, oui, avec ce sérieux désespéré de l'intelligence, mais sans se prendre eux-mêmes, ni leurs œuvres, au sérieux. L'humilité est aussi une vertu intellectuelle : c'est le contraire de la vanité, et toute vanité est sotte..
Sagesse - 15/20
Le bonheur est le résultat de l’action juste.
Sagesse - 17/20
Les propositions : 'Il est probable que nous puissions savoir quelque chose' et 'Il est impossible que nous sachions tout' sont des propositions vraies, qu'un raisonnement peut établir.
Savoir - 16/20
C'est en faisant bien l'homme, ou la femme, qu'on aide l'humanité à se faire.
Sagesse - 18/20
Cinq arguments m'amènent à ne pas croire en Dieu (pour les deux premiers), et même à croire qu'il n'existe pas (pour les trois autres) : la faiblesse des arguments opposés, aussi bien logiques (les prétendues "preuves" de l'existence de Dieu) qu'empiriques (si Dieu existait, cela devrait se voir ou se sentir davantage) ; mon refus d'expliquer ce que je ne comprends pas par quelque chose que je comprends encore moins ; la démesure du mal ; la médiocrité de l'homme ; enfin le fait que Dieu corresponde tellement bien à nos désirs qu'il y a tout lieu de penser qu'il a été inventé pour cela.
Religion - 17/20
Comment l'économie serait-elle morale puisqu'elle est sans volonté ni conscience ? Ce n'est pas la morale qui détermine les prix ; c'est la loi de l'offre et de la demande. Ce n'est pas la vertu qui crée de la valeur ; c'est le travail. Certains s'enrichissent sans travailler, d'autres s'épuisent au travail et restent pauvres. Vous trouvez ça moral ? Le capitalisme n'est pas moral ni immoral ; il est amoral. La morale, c'est l'affaire des individus. Ne comptez pas sur le marché ni sur votre entreprise pour être moral à votre place.
Politique et économie - 17/20
[...] Lisant Kant, lisant Spinoza, on y reconnaît plus ou moins le monde ou la pensée qu'on habite, qu'on croit vrais, ou plus vrais que d'autres, sans pouvoir jamais le démontrer tout à fait....
Sagesse - 16/20
Les trois sens du mot 'amour'. Eros : c'est le nom, en grec de l'amour qui manque de son objet, l'amour qui prend ou qui veut prendre, qui veut posséder et garder, l'amour passionnel et possessif. Philia : c'est le nom, en grec de l'amour amitié (en y incluant la famille et le couple), c'est l'amour de celui ou celle qui ne manque pas mais qui réjouit, comble, conforte et réconforte. Agapè : c'est le nom, en grec de l'amour de charité. L'amour qui donne sans avoir besoin pour cela de recevoir, d'être aimé, ni même d'espérer.
Amour - 18/20
Qu'est-ce que la sagesse, sinon une vérité heureuse. Nous en sommes loin : la plupart des vérités nous sont indifférentes ou nous font mal. C'est à quoi nous voyons que nous ne sommes pas des sages.
Sagesse - 17/20
L'espérance du bonheur nous en sépare et nous voue à la déception, à l'amertume, au ressentiment, pour ce qui concerne le passé, comme à l'angoisse, pour ce qui concerne l'avenir. Inversement, qui renoncerait complètement à être heureux le serait par là même, et lui seul sans doute. Qu'est-ce autre que la sagesse ? Qu'est-ce autre que la sainteté ? Le désespoir et la béatitude vont ensemble, ou plutôt celle-ci est au bout de celui-là : il s'agit de passer de l'autre côté du désespoir, ce qui suppose d'abord qu'on accepte de l'affronter, de l'habiter, de s'y perdre...
Sagesse - 16/20
Qui refuse la mort en reste prisonnier ; seul celui qui l'accepte s'en libère. Tel est le travail du deuil : non pas renoncer à la vie, mais accepter sa finitude ; non pas oublier les défunts, mais accepter leur disparition.
Mort - 17/20
L'existence (ce que je fais) précède l'essence (ce que je suis ou plutôt, ce que je deviens). C'est indémontrable mais c'est la condition nécessaire pour que je dispose effectivement du libre arbitre, pour que ce que je veux ne soit pas inféodé à ce que je suis.
Liberté - 19/20
Qu'est que la morale ? La morale est l'ensemble des obligations et des interdits que nous nous imposons à nous-même indépendamment de toute récompense ou sanction attendue et même de toute espérance. C'est l'ensemble de ce qui vaut ou s'impose, pour une conscience donnée, inconditionnellement.
Morale - 16/20
Comment n'aimerait-on pas l'argent ? Il faudrait n'aimer rien, puisque l'argent mène à tout.
Vie Pratique - 17/20
L'homme est un animal sociable et égoïste : cette insociable sociabilité (la formule est de Kant) prend la forme, presque inévitablement, soit du conflit, soit de l'échange.
Politique et économie - 16/20
L'homme ne peut pas plus s'empêcher de penser qu'il ne peut s'empêcher de croire ce qu'il pense, ni, s'il est philosophe jusqu'au bout, de douter de ce qu'il croit
Savoir - 16/20
Je n'ai plus l'âge de jouer à 'Dieu y es-tu ? '. Le monde et la vie m'intéressent davantage.
Religion - 17/20
'Le contraire de désespérer, c'est croire', écrivait Kierkegaard. Cela se retourne : le contraire de croire c'est désespérer.
Religion - 17/20
Compter sur la conscience morale ou patriotique des chefs d'entreprise pour combattre les délocalisation et le chômage, c'est assurément se raconter des histoires. C'est faire preuve d'angélisme : c'est confondre les ordres et compter sur l'ordre moral pour résoudre les problèmes de l'ordre économico-techno-scientifique.
Politique et économie - 17/20
La vie a-t-elle un sens ? Chercher sans cesse apparaît comme l'image même de l'absurde, du non-sens. La quête de sens, soit mais il faut s'arrêter quelque part, comme dirait Aristote. Il n'y a que deux manières d'arrêter cette quête. Soit elle a atteint un sens absolu, c'est la réponse religieuse, mais je n'y crois pas : l'absolu n'est pas de ce monde. Soit la quête de sens s'arrête parce qu'elle a trouvé mieux. Qu'est-ce qu'elle a trouvé ? Tout ! L'univers tout entier avec le sens dedans, avec Mozart dedans, avec dedans des roses, des cailloux et des étoiles.
Sens de la vie - 19/20
Voici une raison forte pour récuser tout fondement naturel de la morale : quand bien même la nature serait raciste, fasciste, inégalitaire, ce ne serait pas une raison pour l'être nous aussi. Que la nature ne soit pas juste, cela ne prouve rien contre la justice. Qu'elle ne soit pas humaine, ce qui est une évidence, cela ne nous dispense pas de l'être.
Morale - 19/20
Être compétent, c'est pouvoir résoudre un problème. Être responsable, c'est pouvoir prendre une décision, y compris en situation de complexité et d'incertitude, spécialement lorsque cette décision relève de plusieurs ordres à la fois.
Politique et économie - 16/20
À quoi ça sert de philosopher ? Ça sert à habiter le monde de façon un peu plus intelligente, un peu plus lucide, un peu plus libre, un peu plus heureuse, bref, un peu plus sage.
Sagesse - 17/20
L'homme n'est pas Dieu. Faisons au moins en sorte, et l'on n'en a jamais fini, qu'il soit à peu près humain.
Métaphysique - 17/20
L'humour est la politesse du désespoir et aussi son premier pas, sa première victoire, et joyeuse comme il convient. Il nous aide à nous libérer de l'espérance.
Humour - 18/20
Agis comme si tu aimais.
Morale - 18/20
Vous me direz : 'si la peur demeure, à quoi bon la philosophie ?' Je vous répondrai : 'n'était la peur, pourquoi philosopherait-on ?' La philosophie nous apprend à accepter la peur, à la surmonter parfois, mais elle ne l'annule pas quand le danger est réel. Or quel danger plus réel que la vieillesse ?.
Mort - 16/20
L'humour est le contraire de la prière. La prière crée illusoirement le sens en niant son absence. L'humour va du sens au non-sens, sans réserves ni restrictions, si bien qu'à la fin il n'y a plus que le non-sens.
Humour - 19/20
Libéralisme ou ultralibéralisme ? Si vous croyez que tout se vend, que tout s'achète, alors soyez ultralibéral : le marché suffit à tout. Si, au contraire, vous pensez qu'il y a des choses qui ne sont pas à vendre (la vie, la santé, la justice, la liberté, la dignité, l'éducation, l'amour, le monde...), alors on ne peut pas tout soumettre au marché, il faut résister à la marchandisation de toute notre vie, aussi bien individuellement, c'est le rôle de la morale et de l'éthique, que collectivement, c'est le rôle de la politique.
Politique et économie - 18/20
Lorsque la bourse monte trop, certains crient aux scandales : ils dénoncent ceux qui 's'enrichissent en dormant'. Lorsqu'elle baisse spectaculairement, d'autres, ou parfois les mêmes, protestent contre les 'milliards partis en fumée'.
Politique et économie - 17/20
Croire en Dieu, ce n'est pas croire en quelque chose, c'est croire en Quelqu'un ! Et c'est à ce Quelqu'un - le Dieu d'Abraham et de Jacob, celui de Jésus ou de Mahomet - que, pour ma part, je ne crois pas.
Religion - 16/20
Malgré les différences doctrinales ou conceptuelles, je suis frappé par une certaine convergence entre les sagesses d'Orient et d'Occident : il s'agit toujours de vivre au présent (non pas dans l'instant mais au présent), il s'agit de cesser de se raconter des histoires, de cesser de faire semblant, de cesser d'espérer, il s'agit d'apprendre à vivre pour de bon au lieu d'espérer vivre. Il s'agit de connaître, d'agir, d'aimer.
Sagesse - 16/20
Être humaniste, cela ne dispense pas d'être lucide.
Morale - 15/20
Être libre, c'est faire ce que l'on veut. Être libre de vouloir, c'est donc vouloir ce que l'on veut. Cette liberté là ne fera jamais défaut car comment pourrait-on ne pas vouloir ce que l'on veut ou vouloir autre chose.
Liberté - 17/20
Faiblesse des 'preuves' de l'existence de Dieu : la preuve ontologique, la preuve cosmologique, la preuve physico-théologique. […] Dieu n'est pas un théorème. Il s'agit non de le démontrer mais d'y croire ou pas.
Religion - 16/20
Faire de la politique, ce n'est pas donner des leçons de morale : c'est se battre au niveau des intérêts et des rapports de forces.
Politique et économie - 17/20
Faut-il, pour combattre le racisme, haïr aussi ses partisans, et opposer la haine à la haine ? Spinoza prétendait le contraire, comme Épictète ou Marc-Aurèle, comme Jésus ou le Bouddha, et c'est également ce qu'enseigne Swâmiji. Miséricorde, miséricorde à tous. Il ne s'agit pas de tolérer l'intolérable, mais de l'accepter comme un fait. Comment autrement s'y opposer ? On ne peut agir que sur le réel, et c'est l'action même. Voir, comprendre, puis combattre. Non se résigner au pire, mais l'affronter sans s'y soumettre. Non laisser faire la haine, mais lui résister sans lui ressembler.
Morale - 16/20
Qu'on puisse penser gaiement cette même vérité qui, affectivement, nous attriste, c'est l'expérience quotidienne de la philosophie et son cadeau le plus précieux. C'est le gai savoir de Nietzsche ou de Clément Rosset : ce que Spinoza appelait la joie de connaître ou - mais cela revient au même - l'amour de la vérité.
Savoir - 16/20
Il brille, mais de loin : il nous éclaire, l'amour est ce qu'on appelle une valeur ; d'autant plus peut-être, qu'il fait d'avantage défaut.
Amour - 18/20
L'agnostique, ce n'est pas seulement celui qui reconnaît ne pas savoir si Dieu existe (sans quoi nous serions tous agnostiques), c'est celui qui refuse d'aller plus loin que cette ignorance, qui refuse donc de se prononcer.
Religion - 16/20
Il est impossible de démontrer mathématiquement qu'il faut faire des mathématiques !
Savoir - 16/20
Qu'on se le dise la jalousie est un zèle égoïste et malheureux !
Amour - 16/20
'Aime ton prochain comme toi-même', c'est bien beau, mais, comme on ne sait pas aimer, c'est le plus souvent hors d'atteinte ! Que reste-t-il à faire ? Il reste à respecter la Loi morale, c'est-à-dire à faire son devoir.
Morale - 18/20
Qu'un cerveau soit certain de quelque chose ne constitue pas une preuve qu'il ait raison de l'être.
Savoir - 18/20
Woody Allen feint de chercher un sens : 'La réponse est oui ; mais quelle peut bien être la question ?' - et s'amuse de ne trouver que le réel - c'est pourquoi la réponse est oui. Le comique naît du contraste entre les deux.
Humour - 16/20
Il faut aimer les gens comme ils sont', dit-on souvent. Certes, mais on n'a pas le choix ! Il faut les aimer tels qu'ils sont ou ne les aimer pas, les aimer tels qu'ils sont ou n'aimer que ses propres rêves, les aimer tels qu'ils sont ou les espérer autres et leur reprocher toujours de nous décevoir... L'espérance et la rancœur vont ensemble, ensemble l'amour et la miséricorde.
Sagesse - 17/20
Mieux vaut apporter un certain nombre de limites externes - juridiques, politiques, morales - au capitalisme que de rêver à une économie qui serait devenue intrinsèquement morale.
Politique et économie - 16/20
Je ne suis jamais aussi libre que lorsque je ne me soumets qu'à la seule vérité, cette nécessité que je comprends.
Liberté - 18/20
Mieux vaut un bon médecin qu'un médecin bon. Mieux vaut un bon patron qu'un patron bon.
Politique et économie - 18/20
D'ailleurs, s'ils n'avaient pas peur, auraient-ils besoin à ce point d'espérer.
Religion - 18/20
Misère de l'homme : avoir besoin d'une morale ! Grandeur de l'homme : en être capable !
Morale - 17/20
Aimer quelqu'un, c'est aimer l'image qu'on s'en est faite, image toujours déformée, embellie, transfigurée... Car la passion est idolâtre.
Amour - 16/20
Montaigne est un sceptique, non un sophiste ou un nihiliste : il n'affirme pas que rien n'est vrai (proposition évidemment contradictoire : si rien n'est vrai, il n'est pas vrai que rien n'est vrai), ni qu'il ne sait rien (proposition tout aussi contradictoire : s'il ne savait rien, comment saurait-il qu'il ne sait rien ?), mais simplement que rien n'est certain (pas même l'incertitude de tout !) et qu'il ne sait pas, en conséquence, ce qu'il sait, ni même (étant incapable de discerner en toute certitude ce qu'il sait de ce qu'il croit savoir) s'il le sait. De là la fameuse formule interrogative, que Montaigne fit graver sur une médaille à son nom : Que sais-je ?
Savoir - 16/20
Il faut distinguer l'humanité biologique (la filiation selon la chair : la nature de l'homme) et l'humanité historique (la filiation selon l'esprit : la culture). La première que transmet l'hérédité, suffit à me donner des droits ; mais la seconde, que transmet l'éducation, me donne des devoirs - à commencer par celui de respecter la première !
Morale - 16/20
Dans le bouddhisme, ce n'est pas le moi qui se réincarne (puisque je serai quelqu'un d'autre), ni le Soi (puisqu'il n'y a pas de Soi), et en ce sens personne ne se réincarne : la réincarnation n'est qu'un processus sans sujet (la 'production conditionnée'), qui remet le sujet, et tout sujet à sa place, celle d'un agrégat impermanent... Le but n'est pas de retrouver son cher petit moi dans une autre vie mais de s'en affranchir, le plus qu'on peut, jusqu'à la libération finale, jusqu'à l'extinction - nirvâna - dans la lumière ou la vérité...
Sagesse - 15/20
Non pas réprimer l'ego, mais l'étendre au point de le dissoudre. Non le fermer, mais l'ouvrir. Non l'humilier (c'est une règle d'or : ne jamais humilier l'ego), mais l'épanouir. Non le haïr, mais le consumer dans un amour plus vaste. Devenir, explique Swâmiji, comme un "cercle devenu si large qu'il ne peut plus rien entourer, un cercle d'un rayon infini, une droite !"
Morale - 16/20
Nos raisonnements sont fondés sur deux grands principes : celui de la non-contradiction (Est jugé faux, ce qui contient du faux et vrai ce qui est opposé ou contradictoire au faux) et celui de la raison suffisante (Aucun fait, aucun énoncé n'est vrai sans qu'il y ait une raison suffisante pour qu'il en soit ainsi et pas autrement. Quoique ces raisons le plus souvent ne puissent point nous être connues).
Savoir - 15/20
De même que mon corps n'est que la composition, dans l'espace, d'atomes perpétuellement mobiles, de même ma vie n'est que succession, dans le temps, de désirs indéfiniment variés.
Métaphysique - 17/20
Nous n'aurons de bonheur qu'à proportion du désespoir que nous serons capables de traverser. La sagesse est cela même : le bonheur, désespérément.
Sagesse - 17/20
Nous n'avons besoin de morale que faute d'amour.
Morale - 16/20
Il importe de ne pas confondre l'amour de soi, qui est légitime et structurant, de l'amour-propre, qui est destructeur. Comment aimer autrui, si on ne s'aime pas soi-même ? Comment l'aimer vraiment, si on n'aime que soi ou que pour soi ? L'intérêt relève de l'amour de soi : il pousse plutôt à la paix, au commerce, à la concorde. L'envie et le ressentiment relèvent de l'amour-propre et poussent à la discorde.
Amour - 18/20
On craint mille morts, et l'on n'en vit jamais qu'une... Toute angoisse est imaginaire; le réel est son antidote.
Mort - 15/20
On peut appeler absolu tout ce qui ne nous est pas relatif, autrement dit tout ce qui existe indépendamment de nous. L'absolu, est l'horizon de toute connaissance donc nous ne l'atteindrons jamais : mais cet horizon n'est pas autre chose que la limite, pour nous, de ce qui nous contient.
Savoir - 17/20
Il ne s'agit pas de chercher ce qu'on ignore, mais d'habiter ce que l'on sait. D'aimer ce que l'on sait. La sagesse n'est pas une vérité de plus : c'est la jouissance de toutes.
Savoir - 16/20
Le contraire de prier c'est rire, ai-je écrit quelque part. Mais on ne peut pas rire toujours : devant les plus grandes choses, il faut prier, pleurer ou se taire. Tais-toi !
Religion - 18/20
Il ne s'agit pas de philosopher toujours mais de ne plus avoir besoin de philosopher : le but n'est pas la philosophie mais la sagesse.
Sagesse - 16/20
Ce que les gens disent, le plus souvent, ne sert qu'à les protéger : rationalisations, justifications, dénégations... À quoi bon ? Le silence vaudrait mieux. La parole ne m'intéresse que lorsqu'elle est le contraire d'une protection : un risque, une ouverture, un aveu, une confidence... J'aime qu'on parle comme on se déshabille, non pour se montrer, comme croient les exhibitionnistes, mais pour cesser de se cacher.
Savoir - 17/20
Athées et croyants ne sont séparés que par ce qu'ils ignorent. Comment cela pourrait-il compter davantage que ce qu'ils connaissent : une certaine expérience de la vie, de l'amour, de l'humanité souffrante et courageuse ? Il serait fou de s'entre-tuer pour ce qu'on ignore. Mieux vaut se battre, ensemble, pour ce que nous connaissons et reconnaissons.
Religion - 17/20
La croissance, en principe indéfinie, de l'économie (on peut toujours, en théorie, rajouter de la richesse à la richesse) vient buter, de plus en plus, contre les limites, elles strictement finies, de l'écologie. Eco vient du grec oikos qui signifie la maison. Or la maison, aujourd'hui, c'est le monde. L'économie est sa gestion efficace, l'écologie est sa gestion durable.
Politique et économie - 16/20
Au fond, nous ne sommes séparés de l'éternité que par nous-mêmes. De là cette simplicité, quand l'ego se dissout, il n'y a plus que tout, et peu importe alors le nom ('Dieu', 'Nature', 'Etre', Matière',...) que certain voudront lui donner. Quand il n'y a plus que tout, à quoi bon les mots puisque le tout est sans nom ?
Temps - 17/20
La femme la plus universellement admirée pour sa beauté ne l'est en fait qu'en raison d'un accord universel des désirs, que les lois de l'espèce suffisent à expliquer. Un singe préférerait une guenon.
Amour - 18/20
La force d'une espérance n'est pas proportionnelle à sa probabilité. C'est plutôt l'inverse qui est vrai. Par exemple, on espère que son enfant survivra bien plus fortement quand il est gravement malade que lorsqu'il est bien portant.
Sagesse - 17/20
La haine ? De moins en moins ! La colère et le mépris, oui, encore un peu. [...] Haïr ? Ce serait ne pas comprendre [...] Une fois qu'on a renoncé à la superstition du libre arbitre, à l'idée que les gens feraient exprès d'être ce qu'ils sont, la haine s'apaise. Pour laisser place à l'amour ? Ne rêvons pas. Pour laisser place plutôt, et peu à peu, à la miséricorde et à la compassion.
Amour - 17/20
La misère de l'homme, comme dit Pascal, me paraît beaucoup plus incompatible avec son origine divine que sa grandeur avec son origine naturelle !
Religion - 16/20
Aucun bonheur n'est possible sans la chance, et même, me semble-t-il, sans une chance considérable... Il convient donc d'avoir le bonheur modeste, et le malheur serein : ni l'un ni l'autre ne sont mérités. [...] Qui se choisit soi ?
Sagesse - 17/20
La morale commence là où aucune punition n'est possible, là où aucune répression n'est efficace, là où aucune condamnation, en tout cas extérieure, n'est nécessaire. [...] La morale commence où nous sommes libres : elle est cette liberté même, quand elle se juge et se commande.
Morale - 18/20
La morale est l'ensemble des règles que je m’impose à moi-même, ou que je devrais m’imposer, non dans l’espoir d’une récompense ou la crainte d’un châtiment, ce qui ne serait qu’égoïsme, non en fonction du regard d’autrui, ce qui ne serait qu’hypocrisie, mais au contraire de façon désintéressée et libre : parce qu’elles me paraissent s’imposer universellement (pour tout être raisonnable).
Morale - 18/20
La morale est une illusion, une illusion nécessaire. Ce qui est illusoire, c'est de croire que la morale est vraie, objective, absolue. L'illusion, c'est de prétendre détenir la vérité dans un domaine où cela n'a pas de sens. Nos désirs et nos jugements ne sont pas des illusions, ils font partie de la réalité mais ils ne sont ni vrais ni faux.
Morale - 18/20
La morale n'est légitime qu'à la première personne. La morale ne vaut que pour soi ; pour les autres, la miséricorde et le droit suffisent.
Morale - 16/20
La peur du gendarme est le contraire de la vertu, ou ce n'est vertu que de prudence.
Morale - 15/20
La philosophie c'est un certain discours. La sagesse c'est un certain silence.
Sagesse - 15/20
La philosophie doit prendre le relais de la religion, sans textes sacrés, sans le Coran, la Bible ou le livre du Bouddha.
Religion - 14/20
Il n'y a pas d'amour heureux, tant qu'il manque de son objet. Ni de bonheur sans amour, tant qu'il s'en réjouit.
Amour - 17/20
La philosophie est une pratique discursive (elle se fait, comme disait Épicure, 'par des discours et des raisonnements'), qui a la vie pour objet, la raison pour moyen, et le bonheur pour but. [...] Le bonheur est le but, non le chemin. Surtout : le bonheur n'est pas la norme. La norme de la philosophie, comme de toute pensée, c'est, ce ne peut être que la vérité. [...] Pour le philosophe, la vérité prime sur le bonheur.
Sagesse - 18/20
La prière est la pensée du sens de la vie.
Sens de la vie - 19/20
La question est de savoir pourquoi il y a quelque chose plutôt que rien. Or, à cette question, nul ne peut répondre : penser l'être comme nécessaire, ce n'est pas l'expliquer, c'est constater qu'il ne s'explique que par lui-même (il est "cause de soi", disent souvent les philosophes), ce qui le rend, pour nous et à jamais, inexplicable. [...] L'existence de l'être est donc foncièrement mystérieuse, c'est cela qu'il faut comprendre, et que ce mystère est irréductible. Parce qu'il est impénétrable ? Au contraire : parce que nous sommes dedans. Parce qu'il est trop obscur ? Au contraire : parce qu'il est la lumière même. [...] Mais pourquoi n'y aurait-il pas de l'absolument inexplicable ? Pourquoi la contingence (ce qui est arrivé par hasard, par opposition à la loi de causalité) n'aurait-elle pas le dernier mot ou le dernier silence ? Ce serait absurde ? Pourquoi la vérité ne le serait-elle pas ?
Métaphysique - 16/20
La religion est une illusion ; pire une lâcheté et un reniement. Une illusion parce que croire, c'est croire vrai ce que l'on espère. Une lâcheté parce que c'est soumettre sa pensée au dogme. Un reniement parce que c'est renoncer à notre devoir de libre examen.
Religion - 19/20
La sagesse est déjà dans le chemin qui y mène. Il s'agit de vivre au lieu d'espérer vivre.
Sagesse - 16/20
Il n'y a pas de capitalisme sans propriétaires.
Politique et économie - 16/20
Ce n’est pas la vie qui est absurde, c’est nous quand nous cherchons un sens absolu pour nos vies relatives et passagères.
Sens de la vie - 18/20
Religion : tout ensemble organisé de croyances et de rites portant sur des choses sacrées, surnaturelles ou transcendantes (c'est le sens large du mot), et spécialement sur un ou plusieurs dieux (c'est le sens restreint), croyances et rites qui unissent en une même communauté morale ou spirituelle ceux qui s'y reconnaissent ou les pratiquent.
Religion - 16/20
Rien n'est sans pourquoi. (Sauf Dieu, s'il existe, ou le monde si Dieu n'existe pas.)
Métaphysique - 18/20
Sagesse pensée, morale, amour... Tout cela n'existe que dans une société. Il n'y a pas de sagesse à l'état de nature, pas de pensée à l'état de nature, pas de morale, pas d'amour, pas d'art à l'état de nature ! Donc tout est social, et par là tout est politique, comme nous disions en 1968.
Politique et économie - 17/20
'Ce qui nous autorise à affirmer que le temps est, c'est qu'il tend à ne plus être.'
Temps - 18/20
Cela fait au moins vingt-six siècles, dans toutes les grandes civilisations existant à l'époque, que l'humanité a 'sélectionné', comme dirait un darwinien, les grandes valeurs qui nous permettent de vivre ensemble. [...] Qui voudrait revenir en amont d'Héraclite ou de Confucius (philosophe chinois ; 555-479 av. J.C.), du Bouddha ou de Lao-Tseu, de Zoroastre ou d'Isaïe ?.
Morale - 16/20
On peut appeler bonheur tout espace de temps où la joie paraît immédiatement possible. Non pas tout espace de temps où l'on est joyeux, car même quand on est heureux il y a des moments de fatigue, de tristesse, d'inquiétude ; mais toute durée où l'on a le sentiment que la joie peut être là d'un instant à l'autre. À l'inverse, le malheur c'est quand la joie paraît immédiatement impossible. On est séparé du bonheur par un si.
Sagesse - 15/20
Celui qui a déjà la chance d'être plus intelligent ou plus cultivé, de faire un travail plus intéressant ou plus prestigieux, pourquoi faudrait-il en outre qu'il soit plus riche ?
Politique et économie - 17/20
Une société peut très bien se passer de religion au sens occidental et restreint du terme (la croyance en un Dieu personnel et créateur) ; elle pourrait peut-être se passer de sacré et de surnaturel (de religion au sens large) ; mais elle ne peut se passer ni de communion ni de fidélité.
Religion - 14/20
Outre l'espérance qui est un désir néfaste, André Comte-Sponville distingue trois sortes de désirs : - Le désir physique, l'appétit. L'érection, ce n'est pas une espérance. Et manger de bon appétit, ce n'est pas la même chose qu'espérer manger ! - La volonté. Comme disent les stoïciens : on n'espère que ce qui ne dépend pas de nous ; on ne veut que ce qui en dépend. - L'amour. On espère que l'irréel ou l'inconnu ; on n'aime que le réel et à condition seulement de le connaître au moins en partie.
Sagesse - 17/20
Cesser d'espérer ou espérer moins, ce n'est pas renoncer à imaginer et à vouloir.
Sagesse - 17/20
Cessons de reprocher à la vérité notre incapacité à l'aimer. Ce n'est pas la lucidité qui nous étouffe ; c'est l'angoisse, l'égoïsme, la sécheresse de cœur, l'indifférence, le manque de courage et d'amour... Nous nous étouffons nous-même et cela indique le chemin. Ce qu'il faudrait, c'est apprendre à se déprendre : se libérer de soi, accepter de se perdre, de disparaître, de n'être qu'un souffle dans le grand vent du monde... C'est la sagesse du vent, dirait Montaigne : tout le contraire de l'asphyxie !
Sagesse - 17/20
Partir, c'est mourir un peu. Ecrire, c'est vivre davantage.
Voyage - 15/20
Pas de valeurs en soi, pas d'impératifs absolus : la justice ne vaut que pour qui l'aime ; la vie ne vaut que pour qui l'aime ; et rien ne commande qu'à proportion de l'amour que nous en avons.
Sens de la vie - 18/20
Il n'y a pas de vérité scientifique : il y a des connaissances scientifiques, toujours relatives, toujours approximatives, toujours provisoires, toujours en quelque chose douteuses ou sujettes à caution...
Savoir - 17/20
Pascal, Kant et Kierkegaard ont raison : un athée lucide ne peut pas échapper au désespoir.
Religion - 17/20
Le désir est la vérité de la valeur, vérité qui lui interdit justement de prétendre à la vérité. Ce qui vaut, ce n'est pas ce qui est (en vérité) juste, beau ou bien, mais simplement ce que nous désirons et que, pour cette raison, nous jugeons être juste, beau ou bien.
Savoir - 16/20
Le désir est le vrai et seul moteur de notre vie. Il est la tension en moi de l'être dans son identité au vouloir-être, l'effort en moi de la vie dans son identité au vouloir-vivre, bref mon essence dans son identité à ma puissance. Le moi n'est donc pas, absolument parlant, un être (ce n'est pas une substance), mais il tend à persévérer dans l'être. Ce n'est pas un tout ; c'est une partie du tout (un mode), et qui s'efforce de durer. Ce n'est pas un moi, c'est du désir.
Métaphysique - 16/20
Le droit et la politesse imitent la morale (être poli et respecter la légalité, c'est agir comme si on était vertueux) ; la morale imite l'amour (être moral, c'est agir comme si on aimait). On arrête de 'faire semblant' dans seulement deux situations : lorsqu'on agit par amour, c'est ce que j'appelle l'éthique, ou lorsqu'on renonce à faire semblant, c'est ce que j'appelle la barbarie.
Morale - 18/20
Si la loi islamique, la charia, doit s'imposer à tous, à quoi bon la démocratie ? Si Dieu est souverain, comment le peuple pourrait-il l'être ?
Politique et économie - 17/20
Si on espère le bonheur, c'est donc qu'on ne l'a pas. Et si on l'a, qu'espère-t-on sinon le conserver ? Pas d'espérance sans crainte, ni de crainte sans espérance. Voilà donc le bonheur qui s'évanouit dans la crainte de le perdre. Abolir l'espoir, c'est abolir la crainte. Abolir l'espoir et augmenter l'amour désintéressé, voilà le secret d'une vie humaine harmonieuse.
Sagesse - 18/20
Si vous rencontrez quelqu'un qui vous dit : " Je sais que Dieu n'existe pas", ce n'est pas un athée, c'est un imbécile. Et si vous rencontrez quelqu'un qui vous dit : " Je sais que Dieu existe", ce n'est pas un croyant, c'est un imbécile qui prend sa foi pour un savoir. La vérité c'est que nous ne savons pas.
Religion - 17/20
Si, comme je le crois, la mort c'est le néant, il n'en est rien : le néant ne fait pas sens. Donc, de ce point de vue, la vie n'a pas de sens : nous n'allons vers rien d'autre que le rien. C'est pourquoi il nous faut profiter de là où nous sommes. Telle est la dimension tragique de l'existence.
Mort - 14/20
Désespoir : Je n'existe pas ; je ne suis que le lieu de mes désirs. Désespoir : Il n'est de non-désir que dans la mort. Désespoir : Il n'est volonté que du désir ; et désir, que de la joie. Désespoir : La vie n'a pas de sens, ni de but en dehors d'elle-même.
Sagesse - 18/20
Désir Sont du désir selon Aristote l’appétit, le courage et la volonté. Il faut y ajouter l’espérance et l’amour. Le désir, c’est notre être même, considéré dans sa ‘puissance d’agir ou sa force d’exister’, écrit Spinoza. C’est, en nous, l’unique force motrice. C’est dire qu’il serait absurde ou mortifère de vouloir supprimer le désir. On ne peut que le transformer, que l’orienter, que le sublimer parfois, et tel est le but de l’éducation, tel est le but de l’éthique. Il s’agit de désirer un peu moins ce qui n’est pas ou ne dépend pas de nous, d’espérer un peu moins et d’aimer et d’agir un peu plus.
Sagesse - 18/20
Les quatre ordres selon André Comte-Sponville : 1. L'ordre (économico)-techno-scientifique est structuré intérieurement par l'opposition du possible et de l'impossible, du vrai et du faux. 2. L'ordre juridico-politique est structuré intérieurement par l'opposition du légal et de l'illégal et limite extérieurement l'ordre précédent. 3. L'ordre de la morale est structuré intérieurement par l'opposition du bien et du mal et limite extérieurement les deux ordres précédents. 4. L'ordre éthique ou l'ordre de l'amour est structuré intérieurement par le désir et sa double polarisation - plaisir / souffrance - de sa puissance d'agir ; il complète l'ordre précédent. La barbarie, c'est le ridicule, la tyrannie qui consiste à soumettre ou à réduire un ordre donné à un ordre inférieur. À l'inverse, l'angélisme, c'est la tyrannie des ordres supérieurs. En terme de valeur, subjectivement, pour l'individu, la hiérarchie ascendante des primautés s'impose, tandis que, objectivement, pour le groupe, c'est l'enchaînement descendant des primats qui importe.
Politique et économie - 18/20
Il se pourrait que je sois fou, il se pourrait que je rêve, il se pourrait que rien n'existe et que tout ne soit qu'illusion.
Sagesse - 17/20
Je suis responsable mais pas coupable.
Morale - 16/20
Le matérialisme enseigne - le supporte qui peut - que rien n'est à attendre et que tout est à vivre. Nul salut, donc, qui ne soit d'ici et maintenant.
Religion - 19/20
Le matérialisme est philosophie du désir. Si rien n'existe que la matière, le bien et le mal, le beau et le laid, le juste et l'injuste n'ont pas d'existence réelle. Il n'y a que la nature qui n'est ni bonne ni mauvaise, ni belle ni laide, ni juste ni injuste ; la nature indifférente, sans valeur ni sens, sans norme ni finalité. Être matérialiste, c'est penser que c'est le désir (la gravitation, la pente) qui entraîne l'existence des deux pôles que sont le bien et le mal (le haut et le bas), et non pas la préexistence des deux pôles, ou de l'un d'entre eux qui rend possible le désir (la gravitation, la pente).
Sagesse - 18/20
Deux tentations de la postmodernité : sophistique (tout discours qui se soumet à autre chose qu'à la vérité, ou qui prétend soumettre la vérité à autre chose qu'à elle-même) et nihilisme (tout discours qui prétend renverser ou abolir la morale) furent génialement énoncées par Nietzche : ' "Rien n'est vrai, tout est permis." A cette double tentation de notre époque, il est urgent, surtout pour les athées d'opposer un double rempart : celui du rationalisme contre la sophistique), celui de l'humanisme (contre le nihilisme) Ces deux remparts, ensemble, constituent ce qu'on appelle, depuis le XVIIIème siècle, les Lumières..
Religion - 17/20
Le matérialisme philosophique est paradoxal car il prétend défendre à la fois deux thèses contradictoires : le primat de la matière (sinon il ne serait plus matérialiste) et la primauté de l'esprit (sinon il n'est plus philosophique car il abandonnerait son idéal de sagesse).
Savoir - 17/20
Le monde et la vie ne paraissent absurdes que parce qu'ils ne répondent pas à nos espérances. Pour qui n'espère plus, l'absurde disparaît : il n'y a plus que le réel, l'absolue et très simple positivité du réel.
Sens de la vie - 16/20
Le mysticisme n'est que la pointe extrême du vivant, quand il s'arrache à soi (trait commun de toutes les expériences mystiques : pas d'ego), quand il n'y a plus que l'être et la joie, l'être et l'amour... Cela n'apparaît mystérieux que parce que nous en somme ordinairement incapable : l'ego prend toute la place.
Sagesse - 16/20
Le problème n'est pas de savoir si la vie a un sens, ni lequel, mais ce qui, dans la vie, est susceptible d'en avoir ou, surtout, d'en donner : une cause que je crois juste, une vérité que je cherche ou que je défends, des gens que j'aime, un projet que je poursuis...
Sens de la vie - 18/20
Le problème que pose la mondialisation ou la globalisation, c'est le décalage inquiétant qui s'est creusé entre l'échelle mondiale des problèmes, spécialement dans l'économie, et l'échelle nationale ou continentale des moyens d'actions sur ces problèmes. Comment voulez-vous que l'ordre juridico-politique puisse limiter efficacement l'ordre économico-techno-scientifique ?
Politique et économie - 18/20
Épicuriens et stoïciens s'opposaient sur la question du souverain bien. C'est le plaisir qui est le souverain bien, selon les épicuriens. [...] La vie raisonnable (la vertu) vaut plus que la jouissance pour les stoïciens. [...] Le vrai est que ces deux écoles, qui sont les deux sagesses de l'Occident, se complètent davantage qu'elles ne s'opposent, ou ne s'opposent, comme théories, que parce qu'elles se complètent, en l'homme, comme expériences. Que le plaisir soit préférable à la souffrance, les stoïciens eux-mêmes l'accordaient. Et que la vertu soit plus agréable que le vice, les épicuriens ne l'ont pas ignoré. C'est où ils se rencontrent, malgré leurs désaccords, ou convergent. Grandeur du plaisir, grandeur du courage, l'un et l'autre nécessaires. Jouir lâchement, qui pourrait tout à fait s'en satisfaire ? Et quel courage, à l'inverse, qui n'entraîne avec lui le plaisir au moins de se surmonter ? L'hédonisme épicurien est le contraire de la veulerie. Le moralisme stoïcien, le contraire du masochisme. C'est que le bonheur vaut plus et mieux que le plaisir, et qu'il ne va pas sans volonté raisonnable (sans sagesse). C'est que la vertu porte en elle son plaisir, qui est le seul bonheur en vérité. Voyez le courage d'Épicure, face à la maladie. Et le bonheur d'Épictète, face à tout. Je me méfie des doctrines trop unilatérales. La voie du milieu, comme disait Montaigne, comme disait le Bouddha, vaut plus et mieux que les extrêmes entre lesquels elle s'invente.
Sagesse - 17/20
Attention et détachement : le sage est d'autant plus attentif à ce qu'il fait qu'il est davantage détaché du fruit de l'acte, comme on dit en Orient.
Sagesse - 16/20
Une valeur est l'objet d'une volonté ; un fait, l'objet d'une connaissance.
Morale - 19/20
Pauvres débauchés, qui courent après l'orgasme ! Pauvres puritains, qui le fuient ! Heureux sage, que le plaisir libère !
Sagesse - 15/20
Le sentiment de solitude résulte de l'impermanence et de la séparation, autrement dit des deux principales formes de la différence : la différence dans le temps (ou le temps comme différence : impermanence) et la différence dans l'espace (ou l'espace comme différence : séparation). Telles sont en effet les "deux lois principales" qu'il faut garder à l'esprit, ou plutôt qu'il faut "voir", comme dit toujours Swâmiji, c'est-à-dire connaître d'une connaissance vécue, expérimenter, éprouver (être cette connaissance, et non pas l'avoir).
Sagesse - 17/20
Il y a bien des années, quand je me piquais encore un peu de littérature, je me souviens avoir écrit une nouvelle très courte, la plus courte que j'aie jamais écrite, et dont je crois qu'elle fut aussi la dernière. Elle tenait en une phrase, et devait s'appeler 'Le sage'. La voici : "Tout à la fin de sa vie, le sage comprit que la sagesse non plus n'avait pas d'importance." C'était encore de la littérature. Que la sagesse n'ait pas d'importance, la plupart le comprennent bien avant, qui ne sont sages qu'à cette condition. La sagesse n'est qu'un rêve de philosophe, dont la philosophie doit aussi nous libérer. La sagesse n'existe pas : il n'y a que des sages, et ils sont tous différents, et aucun bien sûr ne croit à la sagesse...
Sagesse - 16/20
'Dieu, c'est-à-dire la nature', disait Spinoza. La nature, c'est à dire la matière.
Religion - 18/20
Il n'y a pas d'espoir sans crainte, ni de crainte sans espoir', disait Spinoza. Le même doute, nécessaire à l'un et à l'autre, fait qu'ils ne peuvent exister qu'ensemble. Espérer, c'est craindre d'être déçu ; craindre, c'est espérer être rassuré. ... Le sage n'espère rien ; il a cessé d'avoir peur. Il ne craint rien : il a cessé d'espérer quoi que ce soit. Parce qu'il serait sans désirs ? Au contraire : parce qu'il ne désire que ce qui est (ce n'est plus espérance mais amour) ou que ce qu'il peut (ce n'est plus espérance mais volonté).
Sagesse - 18/20
Il n'y a que des atomes et du vide, et rien de sérieux, rien de grave : rions ! Cette folie est sagesse. Il n'y a que le hasard et la nécessité : rions ! rions ! Il faut rire en philosophant, de ce rire inextinguible des sages et des dieux, car le rire est une pure joie.
Sagesse - 19/20
Peut-on vouloir autre chose que ce que l'on veut ? Comment, sans ce pouvoir là, aurait-on vraiment le choix (le libre arbitre) ? Il semble que la volonté ne soit vraiment libre que si elle peut se choisir elle-même, ce qui suppose - puisqu'on ne choisit que le futur - qu'elle n'existe pas encore. Il faut donc pour que la volonté soit absolument libre, que le sujet préexiste paradoxalement à ce qu'il est (puisqu'il doit le choisir) : de là le mythe d'Er, chez Platon, le caractère intelligible, chez Kant, ou l'existence-qui-précède-l'essence chez Sartre..
Liberté - 15/20
S'il est vrai que nos désirs sont le plus souvent des espérances, on peut aussi désirer ce dont on jouit (cela s'appelle le plaisir, et chacun sait qu'il y a une joie du plaisir) ; on peut désirer ce qu'on sait (cela s'appelle connaître, et chacun sait qu'il y a une joie de la connaissance, du moins quand on aime la vérité) ; on peut désirer ce qu'on fait (cela s'appelle agir, et chacun sait qu'il y a une joie de l'action).... Le contraire d'espérer, ce n'est pas craindre, c'est savoir, pouvoir et jouir.
Sagesse - 19/20
Tout ce que nous savons est dérisoire par rapport à ce que nous ne savons pas. [...] Toute connaissance reste partielle, comme perdue dans l'abîme de ce que nous ignorons, et dès lors définitivement fragile et sujette à caution.
Savoir - 15/20
Tout être fini se dé-finit par l'infini de ce qu'il n'est pas ; et ma puissance n'est déterminée que par ses limites, qui sont d'impuissance.
Sagesse - 17/20
Philosopher, c'est penser plus loin qu'on ne sait.
Sagesse - 17/20
Philosopher, c'est penser sa vie et vivre sa pensée.
Sagesse - 16/20
Une valeur, c'est une fin en soi. À quoi bon être juste ? À quoi bon aimer ? Il n'y a pas de réponse, il ne peut y en avoir : la justice et l'amour valent par eux-mêmes.
Morale - 18/20
Ce n'est que lorsque vous désirez autre chose que ce qui est (autre chose que tout !) qu'il y a vide et manque. Ce n'est que lorsque vous quittez l'attention pour l'attente que vous vous ennuyez.
Sagesse - 16/20
Philosopher, c'est penser sans preuves, mais point penser n'importe quoi, ni n'importe comment.
Sagesse - 16/20
Plutôt que d'appeler malheur l'absence du bonheur - ce qui est le plus sûr moyen de n'être heureux jamais -, convenons d'appeler bonheur, l'absence de malheur.
Sagesse - 17/20
La sagesse n'est pas le bout du chemin : c'est le chemin même. Pour aller où ? Là où vous êtes. Tout est ici et maintenant. […] Il suffit de passer de l'autre côté du désespoir.
Sagesse - 16/20
Il n'y a rien à attendre des dieux ; Il n'y a rien à attendre de la mort ; On peut combattre la souffrance ; On peut atteindre le bonheur.
Sagesse - 17/20
La science - toute science - est sans conscience ni limites.
Morale - 18/20
Toute angoisse est imaginaire ; le réel est son antidote.
Savoir - 17/20
Pour le bouddhisme, le moi n'existe pas. Ce n'est pas une question de terme : l'ego, l'âme, le psychisme, l'atman ou le soi n'existent pas davantage. Le sujet n'est pas. Il n'y a que des agrégats, comme dit le Bouddha, c'est-à-dire des combinaisons fugitives dont l'apparente continuité n'est qu'illusoire.
Métaphysique - 18/20
Vivre, c'est désirer vivre : la politique est désir de pouvoir, la morale désir de vertu, l'éthique désir de bonheur, l'amour désir d'amour, la science désir de vérité.
Sagesse - 18/20
Pour qui n'espère rien ou n'aime que la vérité, tout est léger, ou peut l'être, et prétexte à rire : puisque toutes les vérités se valent et ne valent rien, et qu'il n'y a rien d'autre.
Humour - 17/20
Pourquoi la nature serait-elle bonne ? Pourquoi la vérité serait-elle bonne ?
Morale - 19/20
Primat du corps, de la matière (dans l'ordre de l'explication, c'est la matière qui prime objectivement) mais primauté de l'esprit (dans l'ordre de ce qui vaut le plus subjectivement). Primat de la sexualité, mais primauté de l'amour. Primat de l'inconscient, mais primauté de la conscience. Primat de l'économique, mais primauté de la politique.
Sagesse - 16/20
Protester, contester, résister est nécessaire. Mais gérer, gouverner et décider l'est aussi.
Politique et économie - 17/20
Toute espérance est déçue, toujours. Souvent c'est parce qu'elle n'est pas satisfaite et chacun en connaît le goût, qui est de frustration. Mais il arrive aussi, et ce n'est pas le plus facile à vivre, qu'une espérance soit déçue parce qu'elle a été satisfaite, et qu'il faut bien constater que sa satisfaction échoue à nous donner le bonheur que nous en attendions.
Sagesse - 18/20
Ce n'est pas la valeur de l'objet aimé qui gouverne ou justifie l'amour ; c'est l'amour qui donne de la valeur à son objet. Pourquoi aimez-vous vos enfants tellement plus que ceux des autres ? Parce qu'ils sont plus aimables ? Non. C'est au contraire parce que vous les aimez davantage qu'ils sont, pour vous, plus aimables que les autres. L'amour crée la valeur bien plus qu'il n'en dépend.
Amour - 18/20
Qu’est-ce que l’homme ? C’est le seul animal qui sache n’être pas Dieu.
Métaphysique - 16/20
Quatre propositions
Sagesse - 17/20
Ce n'est pas l'amour qui fait fonctionner les sociétés : c'est l'argent, bien sûr, l'intérêt, les rapports de force et de pouvoir, l'égoïsme, le narcissisme... [...] Ce qu'il a fallu d'égoïsmes bien réglés pour que je reçoive mon salaire, tous les mois, et que je puisse le dépenser tranquillement !
Politique et économie - 16/20
Que dois-je faire ? et non pas : Que doivent faire les autres ? C'est ce qui distingue la morale du moralisme.
Morale - 16/20
Ce n'est pas parce qu'elle est juste qu'elle est loi, c'est parce qu'elle est loi (du peuple) qu'elle est juste.
Politique et économie - 17/20
Ce n'est pas parce que l'amour a du sens que nous aimons ; c'est parce que nous aimons que notre vie prend sens.
Amour - 17/20
Comment savoir ce que valent nos connaissances, sans savoir ce que vaut notre raison ? Et comment savoir ce qu'elle vaut, puisqu'on ne peut le savoir que par elle ? Humilité ? Elle importe moins, en l'occurrence, que la lucidité.
Savoir - 18/20
Toutes les occurrences les plus ordinaires de la vie sont vaines et futiles, et il n'y a que l'amour qui soit extraordinaire.
Amour - 17/20
Imagine que tu aies cet anneau qu'évoque Platon, qui te rendrait à volonté invisible... Que ferais-tu ? Que ne ferais-tu pas ? [...] Ta morale ? Ce que tu exiges de toi, non en fonction du regard d'autrui ou de telles ou telles menaces extérieures, mais au nom d'une certaine conception du bien et du mal, du devoir, de l'admissible et de l'inadmissible.Concrètement : l'ensemble des règles auxquelles tu te soumettrais, même si tu étais invisible et invincible. Cela fait-il beaucoup ? Cela fait-il peu ? La réponse ne dépend que de toi ; tu ne dépends que de ta réponse. Tu vaux ce que tu veux, et c'est ce qu'on appelle la vertu.
Morale - 18/20
Le rasoir d'Ockham C'est un principe d'économie d'idées : ne pas multiplier inutilement les entités, couper tout ce qui dépasse du réel ou de l'expérience, c'est-à-dire toute idée qui n'est pas indispensable ou qui prétendrait exister en soi ou de façon séparée. C'est un instrument d'hygiène intellectuelle.
Savoir - 17/20
Le respect du client est une valeur d'entreprise, bien sûr légitime, mais qui relève de la communication interne et externe, du management, enfin du marketing, plutôt que de la morale, qui est désintéressée.
Politique et économie - 16/20
Tu vaux ce que tu veux, et c'est ce qu'on appelle la vertu.
Morale - 16/20
Que la vie puisse être grave et légère, grave et dérisoire, c'est justement ce que l'art nous apprend de plus précieux, de plus déchirant, et que la philosophie nous aide à comprendre ou à accepter...
Beauté - 14/20
Imaginons que vous abordiez une jeune femme dans la rue en lui disant : 'Mademoiselle, je vais vous démontrer rationnellement que vous devez m'aimer'. Elle vous rira au nez non pas parce qu'elle vous trouverait drôle, ce qui serait, comme chacun sait, un fort bon début, mais parce qu'elle vous trouverait ridicule, ce qui est un beaucoup moins bon début. Et si elle a un tant soit peu de lettres, elle vous dira : 'Mais, mon pauvre monsieur, vous êtes ridicule ! Relisez Pascal : Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point...'
Amour - 17/20
Un ami m'a demandé récemment quel type de femme j'aimais... Je lui ai répondu : 'Celles qui ne se font pas d'illusions sur les hommes et qui les aiment pourtant.'
Amour - 15/20
Que votre rire se change en deuil et votre joie en tristesse ! Humiliez-vous devant le Seigneur, et il vous élèvera…
Humour - 18/20
Je l'ai dit bien souvent : on ne philosophe pas pour passer le temps, ni pour faire joujou avec les concepts. On philosophe pour sauver sa peau et son âme. On philosophe pour son salut et c'est la philosophie même. Il n'y a pas d'école de sagesse qui ne soit une école de salut et, au fond, la sagesse n'est pas autre chose que cette pensée ou ce rêve, comme on voudra dire, d'un salut dans l'immanence, d'un salut dans cette vie.
Sagesse - 15/20
Le salut n'est pas intellectuel car la vérité ne sauve qu'en tant qu'elle n'est pas seulement comprise mais vécue : le salut n'est pas la connaissance vraie de la vie (la philosophie) mais la vie vraie (la sagesse).
Sagesse - 19/20
Il s'agit de vivre : il s'agit d'avancer, de progresser tant qu'on peut. Ne soyons pas trop dupe pourtant de ce 'travail', ni de ce 'perfectionnement'. La vie continue, voilà tout, et nous aussi, et chacun se débrouille comme il peut. La perfection n'est évidemment pas à notre portée. Mais enfin, nous partons de si bas qu'il doit bien être possible de progresser quelque peu...
Sagesse - 15/20
Le salut sera inespéré ou ne sera pas.
Religion - 14/20
Le secret, c'est qu'il n'y a pas de secret. Nous sommes des petits enfants égoïstes et malheureux, pleins de peur et de colère...
Savoir - 19/20
Le travail de deuil, comme dit Freud, se fait contre la tristesse : il s'agit que la joie redevienne au moins possible, mais sans mensonge, sans promesse ni espérance. 'Tuer le mort' disent les psychanalystes, non le rêver vivant.
Sagesse - 18/20
Jouir et se réjouir ! Mais ce bonheur en acte est du même coup un bonheur désespéré, au moins en un certain sens : c'est un bonheur qui n'espère rien.
Sagesse - 17/20
Mieux vaut être en bonne santé qu'avoir un bon médecin. Cette évidence met la médecine à sa place qui n'est pas la première. Et tout homme devant les aléas du destin.
Humour - 14/20
Athée mais non sans foi ni loi.
Religion - 13/20
Pour les grande questions morales, croire ou ne pas croire en Dieu ne change rien d'essentiel.
Morale - 16/20
Être athée n'empêche pas des expériences de mystère.
Spiritualité - 15/20
Le maximum de bonheur dans le maximum de lucidité, c'est ce que les Anciens appelaient "sagesse".
Sagesse - 17/20
La sagesse finale est ouverture au monde, ouverture aux autres, ce qui passe par la libération de soi.
Sagesse - 17/20
La politesse est une petite chose, qui en prépare de grandes.
Morale - 15/20
Le genre aphoristique est le plus facile, en tout cas pour l'auteur. C'est comme les matériaux d'un livre, qu'on laisserait au lecteur le soin de construire ou d'achever.
Beauté - 14/20
Par définition, toute vérité est objective, toute valeur ou valorisation est subjective.
Savoir - 18/20
Il faudra bien reconnaître qu'il n'est pas interdit d'interdire, et même, lorsqu'on est père ou mère de famille, qu'il est interdit de ne pas interdire.
Morale - 16/20
J'écrivais moins pour dire ce que je pensais que pour le découvrir.
Beauté - 17/20
Il faut refuser la sophistique (Tout est faux) et le nihilisme (Tout est permis), sans retomber pour autant dans la religion, l'idéalisme ou le dogmatisme, fût-il marxiste. C'est cette ligne de crête que j'appelai le matérialisme ascendant.
Morale - 17/20
Toute vérité est objective ; toute valeur est subjective. […] Le vrai et le bien ne sont un qu'en Dieu, s'il existe, et c'est pourquoi, pour l'athée, ils ne sauraient se confondre. […] C'est le désir qui évalue, c'est la raison qui connaît; et aucun désir ne tient lieu de connaissance, ni aucune raison ne suffit au désir. Il faut les deux, c'est cette croisée qui fait l'homme, ou qui le crucifie. […] C'est où le rationalisme (qui a besoin de l'absoluité du vrai) et le matérialisme (qui récuse toute absoluité des valeurs) peuvent et doivent se rejoindre.
Savoir - 19/20
Les droits de l'homme sont universalisables (en droit) et il faut faire en sorte qu'ils deviennent de plus en plus universels (en fait). Ils n'en sont pas moins humains pour autant, ni moins historiques. Comment seraient-ils absolus ? C'est d'ailleurs pourquoi il convient de se battre pour eux (ils n'existent qu'à proportion de ce combat), contre ceux qui les violent ou les refusent, fût-ce au nom d'autres valeurs (par exemple politiques ou religieuses).
Morale - 17/20
Ceux qui n'admirent rien, comment échapperaient-ils au nihilisme ? Si tout se vaut, rien ne vaut. Mais c'est ce que l'admiration suffit à récuser. Aussi est-elle non seulement "le fondement de toute philosophie" (Montaigne), mais de toute éthique.
Sagesse - 17/20
L'existence précède-t-elle l'essence ? Nullement. Car ce que je suis n'est pas une essence (éternelle, immuable…), mais le produit d'une histoire. Ni essentialisme, donc, ni existentialisme. L'essence et l'existence ne sont que les deux faces d'une même médaille, qui n'est pas le sujet mais l'histoire qui le produit et dont il fait partie (un procès "sans sujet ni fin"). L'homme n'est pas "un empire dans un empire". Il choisit, certes, mais ne saurait choisir le sujet qui choisit.
Métaphysique - 17/20
La volonté est le désir en acte ; le désir, une volonté en puissance. [...] N'est pas philosophe qui le désire, mais qui le veut. [...] Il en découle que tous ne peuvent pas être sages (ce sur quoi Épicure et Spinoza sont d'accord), ni même philosophes. Tout le monde n'est pas capable de le vouloir.
Sagesse - 17/20
La haine de soi conduit à la religion : "Tu ne me chercherais pas si tu ne t'étais déjà perdu…".
Religion - 16/20
- Qui est là ? - Moi - Qui, Moi ? - Toi.
Métaphysique - 17/20
Adieu, dit le mourant au miroir qu'on lui tend, nous ne nous verrons plus...
Mort - 17/20
Ainsi, qui est beau a raison d'en être joyeux, tort d'en être fier. Qui est intelligent de même, comme le sage est joyeux de sa sagesse - mais ne s'en vante pas. C'est une joie sans orgueil, sans illusions, sans vanité. Elle n'est pas plus triste pour cela, bien au contraire. Elle n'en est que plus sereinement et définitivement joyeuse !
Sagesse - 17/20
L'animisme (anima : âme) est antérieur au matérialisme. Ce pourquoi le matérialisme est toujours polémique : le corps se bat pour se faire entendre. Cela ne veut pas dire qu'il faille en permanence lui laisser la parole. Dans le silence du corps, autre chose parle : la raison du corps, qui est en lui mais le dépasse. On ne l'entend que lorsque le corps se tait. [...] (La santé, silence des organes ; la sagesse, silence de l'esprit.)
Sagesse - 15/20
L'égotisme (mot de Stendhal) : la culture de soi. Il suppose un regard sans complaisance sur soi, et la volonté de s'améliorer. L'égoïsme (le culte du moi) au contraire est un mal : il inclut le mépris de tout ce qui n'est pas soi - et tout mépris est une tristesse. [...] L'égotiste choisit d'être. L'égoïste, non : il se contente d'avoir. Le sage est un égotiste qui a réussit.
Sagesse - 17/20
Et chacun de nous répète à part soi ce titre de film : "Un type comme moi ne devrait jamais mourir". D'avantage d'humilité rendrait le néant acceptable.
Mort - 16/20
C'est l'attraction terrestre qui m'attirant vers le "bas", me fait sentir qu'il y a un "haut".
Sagesse - 14/20
Une fois qu'on a rejeté Dieu et le surhomme, reste le sage. Rejetés Pascal et Nietzsche - reste Spinoza. Humain, trop humain ? On ne l'est jamais trop. Le sage n'est pas un surhomme, c'est un homme libéré.
Sagesse - 16/20
Kant l'a déjà remarqué : personne ne sacrifierait sa vie pour sa fortune ou son plaisir. Il faut être vivant pour jouir ou être riche. Aussi ne peut-on donner sa vie pour cela qui la suppose. Justement. C'est bien pourquoi je ne peux mourir que pour ce qui, dans ma vie, la dépasse : ce que j'appelle l'absolu. Qui existe, si je le veux.
Sagesse - 16/20
Parce qu'ils sont déçus, ils se croient désespérés. Mais s'ils étaient vraiment désespérés, ils ne seraient pas déçus.
Sagesse - 16/20
Si, comme le disait déjà Démocrite, "le rien existe aussi bien que le quelque chose", les atomes sont pourtant plus vrai que le vide, puisque "est vrai ce qui est ainsi comme on dit qu'il est", et que du vide, qui n'est rien, on ne peut rien dire de positif - silence qui, on l'aura remarqué, épuise à soi seul toute la vérité qu'on peut en extraire.
Métaphysique - 15/20
Tout sens (toute valeur, toute norme, toute justification) est exogène et hétéronome : principe de base du matérialisme. C'est dire que tout sens est produit par autre chose, qui n'en a pas. C'est pourquoi il relève d'une interprétation (au sens freudien du terme), d'une histoire ou d'une généalogie, qui l'expliquent (par ses causes). Toute vérité est endogène et autonome : principe de base du rationalisme. C'est dire que toute vérité est éternelle. Elle n'a pas de causes (qui seraient extérieures au vrai), mais des raisons. Elle n'a pas besoin d'être interprétée, ni expliquée (par ses causes). Il lui suffit d'être connue et comprise.
Savoir - 17/20
La vérité n'a pas de sens - ni le sens de vérité. Cela ne retire rien au sens de ce qui en a un, ni à la vérité de ce qui est vrai. Il s'agit simplement de disjoindre les ordres.
Savoir - 18/20
Mystifié n'est pas qui a des illusions (nous en avons tous : nous sommes des sujets), mais qui se fait des illusions… sur ses illusions.
Savoir - 16/20
Il n'y a ni bien absolu, ni beau absolu. Cela n'implique que le beau et le bien n'aient pas de valeur, mais seulement que leur valeur est toujours relative (au corps, à la société, à l'histoire,… ) Relativisme ? Il le faut : pas de Beau ni de Bien en soi (Épicure contre Platon, Spinoza contre Leibniz, Marx contre Kant).
Métaphysique - 16/20
Le sage selon Spinoza : Le sage est sans espoir ni crainte. Il ne souhaite même pas que cet état bienheureux continue : entant qu'il est éternel (Éthique, V, prop. 33 et scolie), il ne dépend plus du temps. La mort lui est donc indifférente (Éthique, V, prop. 38 et 39). Le sage ne se désire même plus lui-même ! Narcisse est déjà mort ; c'est par quoi le sage est immortel.
Sagesse - 17/20
Le bien n'est pas à contempler, mais à faire. C'est où la morale se distingue de la religion, voire s'y oppose. L'effort pour se bien conduire est le bien même.
Morale - 17/20
Le jour où tu vivras vraiment, tu n'auras plus peur de la mort. Le jour où tu seras vraiment mort, tu n'auras plus peur de la vie. Je sais ce que c'est que la sagesse. C'est le contraire de la peur.
Mort - 18/20
Pas besoin de croire en Dieu pour aimer. Ni de croire en l'amour pour bander. C'est plutôt l'inverse qui est vrai. Le sexe existe d'abord, qui s'invente les rêves dont il a besoin.
Amour - 17/20
"Deus ille fuit, deus" ("Ce fut un dieu, oui un dieu"), dit Lucrèce à propos d'Épicure. Et d'ajouter : "La religion, grâce à lui, fut renversée et foulée aux pieds, et nous, la victoire nous élève jusqu'au ciel."
Religion - 15/20
Le plus important dans l'ordre réel des choses, n'est pas toujours ce qui m'importe le plus. Ce que j'aime dans les forêts, ce ne sont pas les racines.
Métaphysique - 16/20
La vérité n'est pas une valeur ; la valeur n'est pas une vérité ; cela n'empêche pas d'avoir une théorie vraie de nos valeurs, c'est à quoi tendent les sciences humaines, ni d'aimer la vérité (qui devient alors, mais pour nous, point pour elle, une valeur), c'est à quoi tend la philosophie. Cela donne tort aux idéalistes (qui prétendent que la valeur est une vérité : que le juste est juste comme deux et deux font quatre), aux sophistes (qui prétendent que la vérité n'est qu'une valeur : que deux et deux ne font quatre que comme le juste est juste), enfin aux nihilistes (qui concluent de la subjectivité des valeurs, sur quoi ils ont raison, à leur nullité, laquelle n'exprime en l'occurrence que la leur).
Savoir - 15/20
Matérialisme : doctrine qui explique le supérieur par l'inférieur, comme le dit Auguste Comte. (Par exemple la pensée par le cerveau, la vie par la matière inanimée, l'esprit par le corps, la politique par l'économie, la conscience par l'inconscient, etc. C'est en ce sens qu'Épicure, Diderot, Marx ou Freud sont matérialistes, chacun à leur façon).
Sagesse - 17/20
Nous refusons la mort par prétention. Et chacun de nous répète à part soi ce titre de film : "Un type comme moi ne devrait jamais mourir". Davantage d'humilité rendrait le néant plus acceptable.
Mort - 17/20
Si Dieu n'existe pas, je suis Dieu.
Religion - 15/20
La totalité n'est personne, mais non pas rien - puisqu'elle est tout.
Métaphysique - 13/20
L'homme libre trouve, ici et maintenant, sa "récompense" dans la conscience qu'il a de "bien faire et se tenir en joie", autrement dit dans sa propre sagesse : "La béatitude n'est pas le prix de la vertu, mais la vertu elle-même." La philosophie remplace la religion. Le salut est ici-bas.
Liberté - 16/20
Penser l'être (métaphysique) n'est pas autre chose que le connaître (sciences). […] Il est donc absurde de craindre un désaccord fondamental entre science et métaphysique : ce serait craindre un désaccord de la raison avec elle-même.
Métaphysique - 15/20
Quand on se laisse aller, on écrit mal ; ou bien on n'écrit pas. Le style, au contraire, c'est remonter sa pente. Tout chef d'œuvre est leçon de courage.
Beauté - 15/20
L'amour, l'art, la philosophie… cela sert à devenir exceptionnel. Mais l'exception entre toutes qui compte, c'est le bonheur.
Sagesse - 16/20
Le bonheur : s'aimer soi-même sans se mentir. Sans avoir besoin de se mentir. Toute la morale est là. Et toute la philosophie. La sagesse : l'amour de la vérité. On voit pourquoi sagesse et bonheur vont ensemble, sans se confondre.
Sagesse - 15/20
Il y a quelque chose en moi qui est libre, mais qui n'est pas moi - la raison. Et quelque chose qui est moi, mais qui n'est pas libre - ma volonté. La raison est libre mais impersonnelle. La volonté est personnelle, mais déterminée. Par ma volonté, je suis moi (ou plutôt, je ne cesse de le devenir). Par ma raison, je ne suis personne ou tout le monde. Mais être soi est donné à tout le monde. Être raisonnable, non. L'union de la raison et de la volonté permet d'être soi sans être n'importe qui. D'être soi sans être esclave de soi. Cette union (toujours fragile, jamais définitive) de la raison et de la volonté est donc libération. Elle est mon destin dépassé, ma victoire sur moi-même - ma liberté. En un mot : ma sagesse.
Liberté - 16/20
Être libre, ce n'est pas faire ce que je veux. Car "ce que je veux" est toujours déterminé : par mon corps (spécialement par mon cerveau), par mon éducation, ma société, mon inconscient. La raison seule, la pensée même, en tant qu'elle est universelle, peut me libérer.
Liberté - 17/20
Notre éthique est volontariste. Ce que tu es se révèle dans ce que tu veux, qui l'exprime : tu es ce que tu veux. Ainsi point d'illusions ni d'hypocrisie, et point non plus d'excuses. Arrête de te raconter des histoires, de faire semblant, de te rêver autre ! Arrête de croire que tu vaux mieux que tes actes ! [...] Tu ne vaux pas mieux que ta volonté. Tu vaux ce que tu veux.
Morale - 18/20
Qui pense que le moi n'est rien, en tout cas rien de substantiel, rien d'autre qu'un effet variable et contradictoire de structures et de processus divers (physiques, psychiques, linguistiques, sociaux, …), il comprend qu'aucun de ses choix n'est indéterminé, ni donc absolument libre. J'appelle volonté la pointe extrême, unique toujours dans l'instant, où cette détermination se résume et s'accomplit dans un acte. Qui croit vouloir deux choses contradictoires dans le même instant se trompe. Il ne veut ni l'une ni l'autre : il se contente de les désirer. Je ne fais pas à tous mes désirs l'honneur de les vouloir. Heureusement.
Liberté - 17/20
Je suis ce que je veux ; je veux ce que je suis. C'est le cercle du moi, dont toute volonté reste prisonnière.
Liberté - 17/20
La loi morale varie, ou le sentiment qu'on en a, selon les époques et les individus. Et la plupart des kantiens, aujourd'hui, sur la peine de mort ou la morale sexuelle, sont en désaccord avec Kant. Curieuse raison pure, qui change avec le temps !
Morale - 16/20
De fait, il n'y a pas de science de la liberté : on ne peut expliquer scientifiquement que des déterminismes (fût-ce celui, très strict du calcul des probabilités). N'est libre que ce qui est inexplicable, donc inconnaissable. C'est-à-dire rien ? Non pas. La raison, qui connaît tout, est par là même inconnaissable. On ne peut pas connaître ce qui est à l'origine de toute connaissance possible. Il n'y a pas de science de la raison, puisqu'il n'y a de science que par elle. La neurobiologie ? Elle explique la pensée, vraie ou fausse, point la raison. La logique ? Elle n'explique pas la raison ; elle la constate, l'explicite, la formalise. [...] La raison est inconnaissable comme le regard est invisible. [...] Donc, ma liberté inconnaissable, c'est la raison.
Liberté - 17/20
Croire au libre arbitre, c'est croire qu'on peut se choisir soi-même, sans y être déterminé par rien. C'et faire comme si je n'étais rien (un néant, dit Sartre) ou comme si j'étais Dieu - qui n'est pas.
Liberté - 17/20
Ataraxie, absence de troubles. Le mot est négatif, la réalité ne l'est pas. C'est le trouble qui est négatif. Le vaincre, c'est affirmer une puissance positive, qui peut résister à tout, chez le sage.
Sagesse - 15/20
L'art n'avance pas. Il change, il évolue ; il ne progresse pas. Aussi la notion d'avant-garde artistique est-elle vide de sens. Qu'est-ce que l'avant-garde d'une armée qui n'avance pas ?
Beauté - 15/20
Musique sans mélodie, peinture sans dessin, roman sans récit ou sans personnages… Anti-roman, anti-peinture, anti-musique… Nous ne pouvons pas nous entendre. Nous sommes pour.
Beauté - 17/20
Il y a quelques mois, un ami me demanda, si je décidais de me suicider, quel disque alors j'écouterais, au dernier moment… J'avais répondu : "La sixième Suite pour violoncelle seul, de Bach, le premier mouvement." Je n'ai pas changé d'avis. Mais, à la réécouter, il me semble aujourd'hui que cette musique toujours me sauverait du suicide : par un surcroît en elle de force et de grandeur, de détermination, de courage, qui est la vie même. Malgré le désespoir.
Beauté - 16/20
Qui est malheureux ne l'est pas toujours par sa faute ; le destin peut être plus fort. Mais qui est heureux, c'est toujours, au moins en partie, grâce à lui. Le bonheur n'est jamais donné ; il se mérite.
Sagesse - 16/20
La philosophie ne sert à rien, dites-vous ? Le bonheur non plus.
Sagesse - 16/20
Tout mépris nous entraîne vers le bas. Le chêne, pour grandir, n'a pas besoin de mépriser le porc. Il lui suffit d'admirer le soleil.
Poésie - 16/20
L'amour, la poésie, l'âme n'existent pas. Mais les poètes, les hommes doués de grandeur d'âme et les amants, cela existe - nous le savons !
Métaphysique - 15/20
L'amour est la poésie du beau : ce par quoi le beau advient.
Beauté - 15/20
Le matérialisme philosophique c'est le contraire de la religion. Si tout vient de Dieu, tout ne peut que descendre. Á l'inverse, si tout part du plus bas (la matière sans vie, sans conscience, sans valeur), tout ne peut que s'élever. Darwin, Marx et Freud, même combat ! L'homme ne descend pas du singe ; il en monte.
Métaphysique - 16/20
Voici ce qui voue l'amour-propre au faux infini et à l'échec : je n'aime que moi, qui ne puis me satisfaire (car je dois bien considérer comme un néant ce qui doit retourner au néant); je ne peux donc qu'être déçu toujours, et chercher ailleurs, dans le monde (concupiscence) ou en Dieu (charité), de quoi masquer (divertissement) ou combler (conversion, grâce) ce vide que je suis.
Amour - 17/20
"Ô temps suspend ton vol !", clame le poète. Et le philosophe, un rien ironique, de demander : "Pendant combien de temps ?". Si le temps s'arrêtait, ne fut-ce qu'un instant, il n'y aurait plus de temps, donc plus de vol ni de suspension. C'est qu'il n'y aurait plus rien.
Temps - 17/20
… il ne s'agit pas de savoir si les hommes sont égaux en fait et en valeur (ce qu'ils ne sont à l'évidence pas), mais si nous voulons qu'ils le soient, en droits et en dignité.
Morale - 16/20
… pour mourir, nous n'avons pas besoin d'apprentissage, ni même comme le voulait Platon, de philosophie. Mourir, pour désagréable que ce soit souvent, est la chose du monde la plus facile : tout mortel y réussit, sans exception !
Mort - 15/20
Dès qu'on a des enfants, il est interdit de ne pas interdire.
Morale - 17/20
La fin du monde entraînerait moins de morts et de souffrance que sa continuation. Cette idée, qui me paraît claire, passera pour un paradoxe ; c'est une première raison pour l'expliquer. Elle est apaisante : c'en est une deuxième. Tonique, voilà la troisième. C'est plus qu'il n'en faut pour penser.
Mort - 17/20
Le désir n'est pas soumis au principe de non contradiction.
Savoir - 18/20
Le relativisme n'est pas un nihilisme : qu'une valeur soit relative, cela ne l'empêche pas de valoir. Pourquoi n'y aurait-il que l'absolu qui vaille? Nos plaisirs, nos joies, nos souffrances nous apprennent bien vivement le contraire..
Savoir - 16/20
Le scepticisme de Montaigne protège à la fois contre la sophistique (qui renonce à tout effort vers la vérité) et contre le dogmatisme (qui prétend la connaître avec certitude)..
Savoir - 16/20
Si l'on entend par morale tout ce qu'on fait par devoir, et si l'on entend par éthique tout ce qu'on fait par désir ou par amour, la chose nous paraissait entendue : toute morale est répressive, culpabilisatrice, castratrice, mortifère, toute morale est mauvaise ; seule l'éthique est bonne qui en libère et en tient lieu. Comment peut-on être kantien, quand il est si agréable d'être nietzschéen ou spinoziste ?
Morale - 17/20
Tout connaissance est relative, approximative, provisoire - et toute vérité, éternelle et absolue.
Savoir - 17/20
Toute connaissance est croyance (Hume) mais toutes les croyances ne se valent pas : toute croyance n'est pas connaissance. Celui qui voudrait revenir au géocentrisme de Ptolémée ou aux éléments des anciens alchimistes, ce n'est pas la foi qui lui manquerait ; c'est la compétence, l'intelligence, la lucidité.
Savoir - 17/20
Le libre arbitre est cette liberté toujours future et pour cela, à mes yeux, toujours irréelle : il n'est que la liberté de vouloir ce qu'on ne veut pas encore. […] On n'est pas libre : on le sera. On sera libre, donc on ne l'est pas.
Liberté - 17/20
Une démonstration mathématique ne dépend pas de ce que je suis : tout individu, s'il est compétent, la fera aussi bien. [...] Il existe donc une pensée qui n'obéit pas au moi, ni à la volonté, ni à l'inconscient, ni à personne, une pensée qui ne se soumet qu'à elle-même, qu'à sa propre nécessité comme disait Spinoza, et c'est ce qu'on appelle la raison. [...] On n'échappe à soi que par l'universel.
Liberté - 17/20
Qu'est-ce que la liberté ? Être libre, c'est faire ce que l'on veut. Mais il y a trois façons différentes de faire ce que l'on veut […] Car faire, pour l'homme, c'est agir mais c'est aussi vouloir et penser. […]
Liberté - 17/20
Qui peut vouloir ce qu'il ne veut pas ? Qui peut ne pas vouloir ce qu'il veut ? D'où le mystère : si l'on ne peut vouloir autre chose que ce qu'on veut, est-on libre encore de le vouloir ? […] Les uns diront, avec les stoïciens : la volonté est libre lorsqu'elle veut ce qu'elle veut ; elle l'est donc toujours, et c'est ce qu'on peut appeler la spontanéité du vouloir. Les autres diront, avec Descartes ou Sartre : la volonté est libre si et seulement si elle peut vouloir autre chose que ce qu'elle veut ; elle est un pouvoir indéterminé de choix (c'est le choix de soi par soi), et c'est ce qu'on appelle le libre arbitre.
Liberté - 17/20
Sapere aude ! Ose savoir ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement ! Telle était la devise des Lumières. Ose te connaître toi-même : aie le courage de chercher à savoir ce que tu es, ce que tu vaux, ce que tu veux ! Cela t'aidera à changer, à avancer - à guérir ou à grandir.
Sagesse - 17/20
Connaître ce qui échappe à la conscience, c'est une manière de l'accroître et cela seul justifie qu'on l'entreprenne.
Savoir - 18/20
Chasse de toi le pharisien qui voudrait posséder l'absolu.
Sagesse - 18/20
Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? A cette question nul ne peut répondre. On dira que cela voue la métaphysique à l'inanité. Je dirais plutôt que c'est ce qui la rend nécessaire et insatisfaisante. Elle nous voue au mystère, à l'étonnement - à l'humanité peut-être s'il est vrai que l'homme est un animal métaphysique. Le seul qui s'interroge sur l'être en tant qu'être, le seul pour qui l'être fasse question.
Métaphysique - 18/20
L'ensemble des devoirs et des interdits (la morale) n'est qu'une infime partie de l'art de vivre (l'éthique), qui est un art d'aimer. C'est pourquoi le deux sont nécessaires : la morale parce que nous ne naissons pas libres, comme dit Spinoza ; l'éthique, pour que nous ayons une chance de le devenir. La morale, parce qu'"il s'agit de dire au moins non" (Marc Wetzel). L'éthique, parce qu'aucun non ne suffit, parce qu'il n'est de sagesse qu'affirmative, parce qu'il convient de trouver des raisons positives de vivre et de lutter, parce qu'il s'agit de dire oui à tout, y compris au non de la morale ou de la révolte.
Morale - 17/20
Les fanatiques manquent d'humour. C'est déjà une faute contre l'esprit..
Humour - 16/20
On se trompe quand on confond religion et spiritualité. Devrais-je, parce que je suis athée, me châtrer de l'âme ? L'esprit n'appartient à personne ; il excède toute foi, tout culte, tout dogme, et c'est l'esprit même : cette ouverture à l'autre et à l'universel, cette part d'exigence et de liberté, au cœur de l'homme, que toute croyance suppose et qu'aucune ne contient..
Spiritualité - 16/20
Il n'y a pas d'amour heureux, tant qu'on aime que ce qui manque (Platon), ni de bonheur sans amour, lorsqu'on se réjouit de ce qui est (Spinoza).
Amour - 17/20
Être rationaliste, ce n'est pas seulement faire confiance à la raison et essayer d'être raisonnable. C'est penser, plus profondément, que l'irrationnel n'existe pas.
Spiritualité - 16/20
Matérialiste signifie que je ne crois en aucune réalité immatérielle : ni monde purement idéel, à la façon de Platon, ni Dieu transcendant, ni âme immatérielle. Tout ce qui existe, pour moi comme pour Epicure, est matière ou produit de la matière. C'est vrai en particulier de l'individu que je suis : je n'ai pas un corps ; je suis mon corps. Et ce n'est pas un esprit immatériel qui pense en moi, mais le cerveau, qui est un organe aussi matériel que tous les autres. Cela ne m'empêche pas d'avoir des idéaux, comme tout le monde. Mais me dissuade d'y croire tout à fait : un idéal, ce n'est pas un être, ni un absolu ; c'est l'objet d'un désir, et tout désir est matériel, relatif, historique. Par exemple la justice : elle n'est pas "un quelque chose en soi", disait déjà Epicure ; elle n'existe et ne vaut que pour autant que nous la désirons et nous battons pour elle.
Spiritualité - 16/20
Je suis humaniste à la façon de Montaigne : non parce que je serais convaincu de la grandeur ou de la bonté de l'homme, mais parce que je lui pardonne sa petitesse, sa "misère", comme disait Pascal, et que j'essaie de contribuer, à mon niveau, avec mes moyens, à ses progrès, à ce que le même Pascal appelait sa "grandeur". C'est ce que j'ai appelé, à propos de Montaigne, un humanisme de la miséricorde.
Spiritualité - 16/20
Le bonheur suppose toujours une part de chance. C’est pourquoi il convient, quand on est heureux, d’avoir le bonheur modeste.
Sagesse - 17/20
On n'a guère le choix qu'entre la comédie et la tragédie : pleurer sur nos misères, ou rire de nos ridicules. Et sans doute C'est la comédie qui est la plus vraie, la plus profonde, la plus tonique. C'est donner raison à Démocrite plutôt qu'à Héraclite, et à Montaigne plutôt qu'à Nietzsche. Que le tragique fasse partie de la condition humaine, nul ne l'ignore. Mais pourquoi faudrait-il le prendre toujours au sérieux ? Démocrite, "trouvant vaine et ridicule l'humaine condition", ne cessait de rire, se souvient Montaigne ; Héraclite, "ayant pitié et compassion de cette même condition nôtre", de pleurer. "J'aime mieux la première humeur", ajoute l'auteur des Essais, non seulement parce qu'elle est plus agréable, explique-t-il, mais parce qu'elle est plus dédaigneuse. Pleurer ? Ce serait nous prendre trop au sérieux.
Sagesse - 17/20
Accepter d'être quelqu'un d'ordinaire et s'aimer comme tel (oui : se pardonner de n'être que soi !), cela fait partie de la santé, cela fait partie de la sagesse, et nul ne saura sans cela aimer aussi les autres.
Amour - 17/20
Comment ce qui est pourrait-il ne pas être ? Ce serait violer le principe d'identité en même temps que le principe de non-contradiction, ou plutôt s'affranchir du réel lui-même, dont nos principes logiques ne font qu'enregistrer, si l'on peut dire, la très simple et très silencieuse rationalité. Ce qui est est (principe d'identité) et ne peut pas ne pas être (principe de non-contradiction).
Métaphysique - 16/20
Nul ne peut être libre, montrait Hegel, s'il n'est prêt à affronter la mort. Mais nul ne peut l'affronter s'il ne sait pour quoi vivre.
Sens de la vie - 17/20
La prostitution est un malheur. Il faut donc la combattre. Le proxénétisme est un délit. Il faut donc le sanctionner. Le trafic d'êtres humains et l'esclavage sont des horreurs. Il faut donc les éradiquer.
Morale - 17/20
Jouir du bien qu'on fait à autrui ? Cela relève moins de l'égoïsme que de l'amour de soi , au bon sens du terme, ou de l'hédonisme. C'est la générosité vraie, qui n'est pas un devoir (le plaisir ne se commande pas) mais une vertu. [...] Ce paradoxe est peut-être le secret du bonheur : qu'on n'y accède qu'en donnant. C'est le secret des saints et des sages, tel que le formula un jour le dalaï-lama : 'Soyez égoïstes : aimez-vous les uns les autres !'
Morale - 17/20
- Souvenez-vous, me dit un paléoanthropologue, lorsque vous passiez un examen : le cœur qui s'affole, le ventre qui se noue, les mains qui deviennent moites, le cerveau qui semble vide comme si vous aviez tout oublié... - Oui, le corps est bête... - Pas du tout ! Il envoie un maximum de sang aux membres inférieurs, pour que vous puissiez courir plus vite. C'est très intelligent au contraire ! Vous vous sentez en danger, il vous prépare à la fuite ! - C'est pour cela qu'on a le sentiment d'avoir la tête vide ? - Oui : tout ce sang qui part vers les jambes, c'est autant de moins pour le cerveau. - Et le cœur qui s'affole ? - Il ne s'affole pas vraiment, il travaille en accéléré. Face au danger, c'est plutôt sage. - Et les mains moites ? - C'est plus commode pour grimper aux arbres.
Savoir - 17/20
Les nihilistes ? Ils se croient lucides. Ils ne sont que fatigués, déprimés, dégoûtés…On pense à Villiers de l'Isle-Adam : "Vivre? Les serviteurs feront cela pour nous."
Sagesse - 16/20
Le courage est une grande chose, mais qui ne tient pas lieu de lucidité.
Morale - 16/20
La foi est une grâce. Nul n'a foi en ce qu'il sait. Nulle grâce ne s'enseigne.
Religion - 17/20
Parce qu'elle ne se possède pas, la beauté, en tant que telle, est désirée sans convoitise.
Beauté - 15/20
La vérité, c'est ce que Dieu connaît, s'il existe.
Savoir - 16/20
Il y a deux façons de dire oui. On peut dire oui parce que tout est bien (approbation). Ou on peut dire oui parce que tout est (acceptation du réel, cf. 'amor fati' chez Nietzsche). Ce n'est pas du tout la même chose...
Sagesse - 17/20
Nul ne peut sentir en lui ce qui sent, ni aller où il se trouve, ni se signifier soi : il n'est sens, à jamais, que de l'autre.
Sens de la vie - 16/20
Le mot "sens" a plusieurs acceptions (la sensation, la signification, la direction), et en chacune d'elles, le sens est toujours extrinsèque : il renvoie toujours à autre chose qu'à lui-même. Il n'est sens que de l'autre. Impossible de sentir son odorat par exemple pour la sensation. De même, la signification d'un mot ou d'un acte n'est pas ce mot ou cet acte mais ce qu'il exprime ou trahit. Pour la direction, le sens aussi n'est jamais où l'on est , mais toujours où l'on va. [...] Métaphysiquement, c'est lourd de conséquence. S'il n'est de sens que de l'autre, le sens de la vie ne peut être qu'autre chose que la vie. Cela ne laisse guère de choix : autre chose que la vie, c'est la mort, qui ne fait pas sens, ou une autre vie. C'est en quoi les religions seules peuvent donner, en toute rigueur, un sens à la vie, en en promettant, après la mort, une autre. Les athées ne peuvent échapper au non-sens, c'est-à-dire à l'absurde (Camus), à l'insignifiance (Schopenhauer, Cioran) ou au tragique (Lucrèce, Nietzsche).
Sens de la vie - 17/20
Ce n'est pas parce que nos enfants ont du sens que nous les aimons ; c'est parce que nous les aimons que notre vie prend sens. Cela dit l'essentiel : ce n'est pas le sens qui est aimable ; c'est l'amour qui fait sens. [...] Ma vie n'a pas de sens en elle-même, pas de sens global ou absolu ; mais il y a du sens dans ma vie , à chaque fois qu'elle se met au service d'autre chose qu'à elle-même : une cause que je crois juste, des individus que j'aime, un plaisir que je goûte, une vérité que je cherche, une œuvre que j'entreprends, un combat que je mène, un projet que je poursuis...
Sens de la vie - 18/20
"Dans le doute, abstiens-toi !" Cela semble en effet raisonnable. Sauf qu'à suivre un tel principe, comme il y a toujours un doute (le risque zéro n'existe pas), on s'abstiendra toujours !
Vie Pratique - 17/20
Méfions-nous du politiquement correct, du consensus mou, de la tyrannie des bons sentiments ! Tous les hommes sont égaux en droit et en dignité, mais toutes les idées ne se valent pas. Le droit d'être contre fait partie des droits de l'homme.
Morale - 17/20
Tout est vrai, toujours, même nos erreurs (qui sont vraiment fausses), même nos mensonges (puisqu'il est vrai que nous mentons), et seul le présent est réel. Ainsi tout est éternel, y compris ce qui change et meurt. C'est ce que savent les mystiques, ou plutôt c'est ce qu'ils expérimentent, qu'ils croient ou non en Dieu.
Spiritualité - 17/20
Tant que tu fais une différence entre la béatitude et ta vie telle qu'elle est (difficile, angoissante, fatiguante), tu es dans ta vie telle qu'elle est. Tant que tu fais une différence entre l'éternité et le temps, tu es dans le temps. Tant que tu fais une différence entre l'absolu et le relatif, tu es dans le relatif. Tant que tu fais une différence entre le salut et la perte, tu es perdu. Tant que tu fais une différence entre l'enfer et le paradis, tu es en enfer .
Spiritualité - 17/20
Le simple vit comme il respire, sans plus d'efforts ni de gloire, sans plus d'effets ni de honte. La simplicité n'est pas une vertu qui s'ajouterait à l'existence. C'est l'existence même, en tant que rien ne s'y ajoute […] Sans autre richesse que tout. Sans autre trésor que rien. Simplicité est liberté, légèreté, transparence. Simple comme l'air, libre comme l'air […]. Le simple ne se prend ni au sérieux ni au tragique. Il suit son bonhomme de chemin, le cœur léger, l'âme en paix, sans but, sans nostalgie, sans impatience. Le monde est son royaume, qui lui suffit. Le présent est son éternité, qui le comble. Il n'a rien à prouver, puisqu'il ne veut rien paraître. Ni rien à chercher, puisque tout est là. Quoi de plus simple que la simplicité ? Quoi de plus léger ? C'est la vertu des sages, et la sagesse des saints.
Sagesse - 18/20
L'amour n'est pas soumis à la valeur de son objet : il est créateur de valeur..
Amour - 16/20
Ce qui fait le bonheur, ce n'est pas le manque mais le plaisir, pas l'espérance mais l'amour et l'action.
Sagesse - 16/20
Epicuriens et stoïciens, quelle que soit leur grandeur, qui est considérable, me paraissent quelque peu dogmatiques ou outranciers. Disons qu'ils simplifient la vie à l'excès. Certes, ils indiquent deux vraies dimensions de la sagesse : la sagesse est bien un art de jouir (épicurien), et elle est aussi un art de vouloir (stoïciens). Mais ni cet art de jouir ni cet art de vouloir ne peuvent nous garantir le bonheur, parce le bonheur est aussi un «bon-heur», au sens étymologique du terme, c'est-à-dire un coup favorable, une bonne fortune, bref une question de chance. Si un de mes enfants est atteint d'une maladie incurable et mortelle, comment pourrais-je être heureux ?
Sagesse - 16/20
Contemplation : l’altitude de la conscience quand elle se contente de connaître ce qui est, sans vouloir le posséder, l’utiliser ou le juger.
Spiritualité - 16/20
Qu'est-ce que la sagesse ? Une vie heureuse, mais d'un bonheur qui ne serait pas obtenu à coup de drogues, d'illusions ou de divertissements. La sagesse, selon la tradition philosophante, c'est le bonheur dans la vérité : un bonheur vrai, une vérité heureuse... Disons, plus modestement, que la sagesse, c'est le maximum de bonheur dans le maximum de lucidité. C'est à quoi sert la philosophie, ou ce vers quoi elle tend. Il s'agit de penser mieux pour vivre mieux.
Sagesse - 17/20
Disons, pour faire court, que je suis matérialiste comme Epicure, rationaliste comme Spinoza, et humaniste comme Montaigne ! Non, bien sûr, que j'aie toujours la même philosophie que ces trois maîtres (qui ont d'ailleurs trois philosophies différentes), mais parce que je suis matérialiste, rationaliste et humaniste au même sens qu'ils le sont respectivement.
Sagesse - 17/20
Si l'amour n'est pas un devoir, si l'amour ne se commande dm pas, quel sens peut bien avoir le commandement évangélique "Tu aimeras ton prochain comme toi-même" ? Ordonner de faire quelque chose "volontiers" n'est-il pas contradictoire ?
Morale - 17/20
La morale est un avantage sélectif (au sens darwinien), au même titre d'ailleurs que l'amour parental.
Morale - 18/20
La morale est un semblant d'amour. Le droit et la politesse sont des semblants de morale.
Morale - 18/20
J'espère que vous avez faim : bienvenus chez Platon ! Et que vous aimez manger de bon appétit : bienvenus chez Spinoza !
Cuisine - 17/20
Il n'y a pas d'amour heureux, ni de bonheur sans amour. La formule n'est pas contradictoire, pas plus qu'elle ne nous voue au malheur. C'est qu'il ne s'agit pas du même amour dans les deux cas. Il n'y a pas d'amour (éros) heureux, ni de bonheur sans amour (philia). Cela indique assez le chemin. Il s'agit d'aimer un peu moins ce qui manque (qui est objet d'espérance, en toute rigueur, d'avantage que d'amour), un peu plus ce qui est. C'est passer d'un amour à l'autre, , d'éros à philia, de la passion à l'action, et l'on n'en a jamais fini.
Amour - 17/20
La monogamie, chez les mammifères, est l'exception. Et il n'est pas rare, chez les humains aussi, que la nouveauté soit plus excitante que l'habitude.
Amour - 16/20
Dieu se retire, se vide de lui-même, enfin renonce à être tout afin qu'autre chose que lui puisse exister. Le monde, c'est-à-dire moins bien que Dieu, et c'est pourquoi il y a du mal dans le monde, explique Simone Weil. [...] Comment se fait-il qu'il y ait du mal dans le monde ? La réponse de Simone Weil tient en trois points qu'il faut prendre ensemble : s'il n'y avais pas de mal dans le monde, le monde serait parfait ; mais si le monde était parfait, le monde serait Dieu ; et si le monde était Dieu, il n'y aurait que Dieu, et pas le monde...
Religion - 15/20
La nudité ne nous est plus naturelle ; aussi devient-elle signifiante. Et que pourrait-elle signifier d'autre que le sexe ? C'est lui ultimement qu'on cache ou qu'on dévoile.
Vie Pratique - 15/20
Voilà, pour un athée, ce qu'est la charité (agapè) : cette part de douceur, de compassion, comme diraient peut-être les Orientaux, de retrait, comme dirait Simone Weil, qui vient tempérer non seulement la violence du désir et du manque (éros), mais aussi ce que la puissance et la joie, seules, pourraient avoir de trop fort, de trop envahissant, je dirais presque de trop expansionniste (philia). [...] Il s'agit de consentir à exister un peu moins, pour que l'autre puisse exister un peu plus.
Amour - 16/20
Si vous voulez savoir ce qui prévaut, de la concupiscence ou de la bienveillance, dans l'amour que vous portez à votre conjoint, posez-vous la question suivante : "Qu'est-ce que je préfèrerais ? Que mon conjoint soit malheureux avec moi, ou qu'il soit heureux avec un autre ?"
Amour - 16/20
Les libertins sont des gens qui ne veulent pas grandir. Pauvre Dom Juan, qui ne sait désirer que les femmes qui lui manquent ! Prisonnier d'éros ; prisonnier de lui-même et de toutes les femmes, absurdement, qu'il n'a pas, et qu'il n'aura jamais. Car qui peut posséder quiconque ? Aussi se contente-t-il de prendre et de laisser.
Amour - 16/20
Être athée, au fond, c'est cela : constater que la mort est plus forte que l'amour, sans inventer d'antidote à ce constat. Non, certes, que nous soyons incapables d'aimer les morts - l'expérience du deuil prouve le contraire -, mais en ceci que rien ne nous autorise à penser que les morts eux, soient encore capables de nous aimer, et en ceci surtout que l'amour n'a jamais empêché personne de mourir.
Amour - 16/20
La culture se construit contre la nature, dont elle fait partie, comme l'humanité contre l'animalité. […] Comment serai-je tout à fait mon corps, puisque je le commande, puisque je lui résiste, puisque je le domine ou me laisse emporter par lui ? […] Il faut donc que je sois, au moins d'un certain point de vue, autre chose - une âme. […] Que l'âme et le corps soient une seule et même chose, c'est ce que je crois et que les neurosciences rendent de plus en plus vraisemblable.
Spiritualité - 15/20
Les nihilistes me font rire, qui prétendent donner tort au désir. A quoi bon , puisqu'il n'a aucunement besoin d'avoir raison, puisqu'il lui suffit d'exister pour valoir et pour donner de la valeur à son objet ? Qui veut mourir quand il bande ? Qui juge que tout se vaut quand il fait l'amour ?
Vie Pratique - 17/20
Le matérialisme mène à l'hédonisme. Il n'y a pas de vie sans matière, explique Feuerbach, ni de matière vivante sans volupté ou sans joie. […] Pour Feuerbach, c'est l'amour qui vaut, qui "divinise l'homme et humanise Dieu", au point d'être "la véritable unité de Dieu et de l'homme, de l'esprit et de la nature". […] "Si l'essence de l'homme est pour lui-même l'essence suprême [parce qu'il a cessé de la projeter illusoirement en Dieu], alors pratiquement la loi suprême et première doit être l'amour de l'homme pour l'homme."
Vie Pratique - 17/20
Les chrétiens ont diabolisé la sexualité. Ils n'en sont que d'avantage prisonnier. Ils ont empoisonné Éros, lequel n'en est pas mort mais est devenu vicieux.
Vie Pratique - 17/20
Tant pis pour nos belles âmes hédonistes ou libertaires ! Il y a bien comme une contradiction entre la morale et le sexe - non parce que la morale, comme certains le prétendent serait par essence pudibonde ou castratrice, mais parce que la sexualité est par essence amorale, voire immorale. [...] Le sexe est égoïste, avide, irrespectueux : le contraire à peu près de l'amour de charité (agapè), ou même de la morale. On devrait considérer l'autre comme une fin en soi, montrait Kant, autrement dit comme une personne. Et l'on n'en jouit que davantage à le considérer - au moins à certains moments ou d'un certain point de vue - comme un moyen, comme un objet, comme une bête.
Vie Pratique - 17/20
Le sexe ni la mort ne sont proprement humain. L'érotisme et les funérailles, si.
Vie Pratique - 16/20
L'érotisme est le propre de l'homme, non certes le seul (c'est vrai aussi du langage prédicatif, de la politique, de la morale) [...] L'homme est un animal transgressif : le seul qui jouisse de son animalité en s'en distanciant, voire, raffinement suprême, en se la reprochant !
Vie Pratique - 16/20
[…] Mais nous restons des animaux : quelque chose en nous précède la culture, et lui résiste, et la contient et en joue. C'est ce que Freud appelle le çà, qui représente le passé de l'espèce (l'hérédité) ; c'est ce que tout le monde appelle le corps, qui est le présent de ce passé. Il n'y aurait pas de surmoi autrement, donc pas de sublimation, donc pas de sublime. Il n'y aurait pas d'âme ou d'esprit autrement.
Vie Pratique - 16/20
La gastronomie commence quand la nourriture vise autre chose que la satiété. L'érotisme pareillement, lorsque le désir tend à autre chose qu'à son propre apaisement.
Vie Pratique - 16/20
Subjectivité du désir. Objectivité du réel. Un désir absolu ? Ce serait contradictoire - ou bien ce serait Dieu, ce qui revient peut-être au même. S'il n'est de valeur que pour et par le désir, comme je le crois, il faut en conclure que l'absolu est sans valeur objective, donc aussi que nos valeurs sont sans vérité absolue - sans autre vérité que celle du désir qui les porte.
Savoir - 16/20
Le sexe et la mort sont "les deux tributs que nous payons au progrès évolutif". C'est par quoi tout commence, ou recommence ; c'est par quoi tout s'achève ; c'est par quoi tout change et continue. Ce sont les deux faces de vivre, comme les deux pôles - l'un positif, l'autre négatif - qui en structure l'espace et la durée.
Mort - 16/20
"Il semble bien, disait Aristote, qu'aimer soit la vertus des amis." Pourtant l'amour est un sentiment, dira Kant, qui n'obéit pas à la volonté et ne saurait dès lors se commander : "il s'ensuit qu'un devoir d'aimer est un non-sens."
Amitié - 16/20
L'amitié n'est ni pure affectivité ni pure volonté, parce qu'elle se situe, ou plutôt se construit, à la croisée des deux. Tout amour est de rencontre ; toute amitié, non.
Amitié - 16/20
Nul n'est tenu d'aimer. Nul n'est dispensé de respecter. L'amitié se noue à l'intersection de ces deux libertés, l'une hétéronome et négative (je ne suis pas obligé d'aimer, ni capable d'en décider), l'autre autonome et positive (il n'est de respect que libre). [...] Mes amis me font ce cadeau rare, que je leur offre en retour : pouvoir réconcilier en moi l'affectivité et la liberté, le sentiment et la raison, l'amour et le respect !
Amitié - 16/20
Qui se choisit soi ? Et que reste-t-il de la liberté de nos choix, dès lors qu'on ne choisit pas celui qui choisit ("moi"), dont tous les choix dépendent ? C'est le problème du libre arbitre, ou plutôt ce qui le rend impensable (ce pourquoi le libre arbitre, chez Aristote comme en général chez les Anciens, ne brille que par son absence : ceux-là se suffisaient de la spontanéité du vouloir et de la libre nécessité de la raison).
Liberté - 16/20
"Sans amis, personne ne choisirait de vivre…", disait Aristote. Nul ne peut choisir de vivre, pourtant, qu'à la condition de vivre déjà. C'est pourquoi vivre n'est pas un devoir : c'est un plaisir, c'est une grâce, c'est une chance. À nous d'en rester dignes. La vie, comme l'amour, est donnée d'abord, choisie ensuite. Elle n'est pas originellement une vertu mais une puissance et un acte ; c'est ce qui lui permet de devenir vertueuse.
Sens de la vie - 16/20
Celui qui n'aimerait personne, il lui manquerait assurément quelque chose - et quelque chose d'essentiel - pour faire bien l'homme, comme disait Montaigne : il lui manquerait une partie décisive de son excellence d'homme ou de femme, c'est-à-dire de sa vertu. C'est pourquoi l'homme heureux a besoins d'amis : il ne pourrait autrement être heureux (c'est ce qui le distingue des dieux), ni se connaître (il a besoin d'un "autre soi-même" pour y voir, comme dans un miroir, ce qu'il est), ni même tout à fait être soi (la conscience qu'il prend ainsi de lui-même le transforme et fait partie de son être).
Amitié - 16/20
L'amour fou ? Ce n'est qu'un moment. Il ne vaut qu'à la condition de déboucher sur autre chose , qui est moins l'amour sage (si l'on entend par là un amour dépourvu de toute passion) que la sagesse d'aimer. Il n'y a pas de sagesse autrement. Il n'y a pas d'amitié autrement. Les deux, toujours, vont ensemble. L'amour de la sagesse (philosophia) débouche ainsi sur une sagesse de l'amour.
Amour - 17/20
Tout divorce est un échec. Mais qui vaut mieux toutefois qu'un indissoluble malheur à deux.
Amour - 17/20
L'amitié - y compris maritale - n'est pas un devoir mais c'est bien une vertu : celle qui transforme la passion d'aimer en action, en plaisir, enfin, tant que le drame nous épargne, en bonheur. Car aimer est un acte, souligne Aristote, comme le bonheur, et "l'amitié consiste plutôt à aimer qu'à être aimé".
Amitié - 15/20
Il n'y a rien de plus important en amour que d'accepter la fragilité de l'autre : c'est ce que j'appelle la douceur. Et rien de plus important dans la sagesse, que d'accepter sa propre fragilité, c'est ce qu'on appelle : l'humilité.
Sagesse - 17/20
La vérité n’est pas le bout du chemin ; elle est le chemin même.
Voyage - 16/20
Ce n’est pas la vie qui est absurde, c’est nous quand nous cherchons un sens absolu pour nos vies relatives et passagères
Sens de la vie - 17/20
Nous n'aurons de bonheur qu'à proportion du désespoir que nous serons capables de traverser. La sagesse est cela même : le bonheur, désespérément.
Sagesse - 17/20
Que vous ayez ou non une religion, cela ne vous dispense pas de respecter l'autre, sa vie, sa liberté, sa dignité ; cela n'annule pas la supériorité de l'amour sur la haine, de la générosité sur l'égoïsme, de la justice sur l'injustice.
Religion - 17/20
Deux tentations mortifères l'une et l'autre, menacent notre modernité de l'intérieur ou la transforment en post-modernité : tentation de la sophistique, d'un point de vue théorique ; tentation du nihilisme, d'un point de vue pratique. ... Cela ne peut men
Sagesse - 17/20
J'appelle "sophistique" tout discours qui se soumet à autre chose qu'à la vérité, ou qui prétend soumettre la vérité à autre chose qu'à elle-même. Cela culmine dans l'affirmation suivante : "Si Dieu n'existe pas, il n'y a pas de vérité."
Sagesse - 16/20
J'appelle "nihilisme" tout discours qui prétend renverser ou abolir la morale, non parce qu'elle serait relative, ce que j'accorde volontiers, mais parce qu'elle serait, comme le prétend Nietzsche, néfaste et mensongère. C'est à peu près reprendre la form
Sagesse - 16/20
a fidélité, au sens où je prends ce mot, impose de refuser ces deux tentationq du nihilidme et de la sophistique. S'il n'y avait de vérité, il n'y aurait pas de connaissances, ni donc de progrès des connaissances.S'il n'y avait pas de valeurs, ou si elles
Sagesse - 17/20
Que vous ayez ou non une religion, cela ne vous dispense pas de respecter l'autre, sa vie, sa liberté, sa dignité ; cela n'annule pas la supériorité de l'amour sur la haine, de la générosité sur l'égoïsme, de la justice sur l'injustice.
Religion - 17/20
Le stoïcien me répondra que si je ne désire pas qu'il soit en bonne santé mais seulement ce qui dépend de moi (le soigner, M'occuper de lui, supporter vaillamment sa mort...), rien ne m'empêche d'être heureux ... Cause toujours ! Je sais bien, moi, que je ne peux pas ne pas désirer qu'il vive, que je suis incapable, par conséquent, d'être stoïcien. Cela ne constitue pas une réfutation du stoïcisme, qui n'y verrait que l'aveu de ma propre faiblesse. Mais cette faiblesse étant une donnée de fait, il faut pourtant en tenir compte. La même chose vaut contre l'épicurisme. L'épicurien me montrerait que désirer que son enfant soit en bonne santé n'est pas un désir naturel et nécessaire, et qu'il ne faut donc pas le désirer. Parle pour toi ! Je sais bien, moi, que j'en suis incapable. Ces deux sagesses sont des extrémismes éthiques. "La sagesse a ses excès, dira Montaigne, et n'a pas moins besoin de modération que la folie."
Sagesse - 0/20
Il n'y a rien de plus important en amour que d'accepter la fragilité de l'autre : c'est ce que j'appelle la douceur. Et rien de plus important dans la sagesse, que d'accepter sa propre fragilité, c'est ce qu'on appelle : l'humilité.
Sagesse - 17/20
Deux tentations mortifères l'une et l'autre, menacent notre modernité de l'intérieur ou la transforment en post-modernité : tentation de la sophistique, d'un point de vue théorique ; tentation du nihilisme, d'un point de vue pratique. ... Cela ne peut mener qu'à la décadence ou à la barbarie. Il n'y a plus ni valeur qui vaille ni devoir qui s'impose ; il n'y a que mon plaisir ou ma lâcheté, que les intérêts et les rapports de forces.
Sagesse - 17/20
J'appelle "sophistique" tout discours qui se soumet à autre chose qu'à la vérité, ou qui prétend soumettre la vérité à autre chose qu'à elle-même. Cela culmine dans l'affirmation suivante : "Si Dieu n'existe pas, il n'y a pas de vérité."
Sagesse - 16/20
J'appelle "nihilisme" tout discours qui prétend renverser ou abolir la morale, non parce qu'elle serait relative, ce que j'accorde volontiers, mais parce qu'elle serait, comme le prétend Nietzsche, néfaste et mensongère. C'est à peu près reprendre la formule d'Ivan Karamazov : "Si Dieu n'existe pas, tout est permis."
Sagesse - 16/20
a fidélité, au sens où je prends ce mot, impose de refuser ces deux tentationq du nihilidme et de la sophistique. S'il n'y avait de vérité, il n'y aurait pas de connaissances, ni donc de progrès des connaissances.S'il n'y avait pas de valeurs, ou si elles ne valaient rien, il n'y aurait pas de droits de l'hommeni progrès social ou politique. Tout combat serait vain. Toute paix aussi.
Sagesse - 17/20
Je ne vois pas quel peut être le sens de la vie pour qui n'a pas le gout de vivre.
Sens de la vie - 17/20
Deus sive natura ; Dieu c'est-à-dire la Nature. La Nature n'est pas un sujet et ne poursuit aucun but. A quoi bon la prier, puisqu'elle ne nous écoute pas ? Comment lui obéir, puisqu'elle ne nous demande rien ? Pourquoi lui faire confiance, puisqu'elle ne soccupe pas de nous ? Et que reste-t-il alors de la foi .? Leibnitz ne s'y est pas trompé : ce panthéisme là est plus près de l'athéisme que de la religion.
Religion - 17/20
Tétralemme de la religion ; ''Ou bien Dieu veut éliminer le mal et ne le peut ; ou il le peut et ne le veut : ou il ne le veut ni ne le peut ; ou il le veut et le peut. S'il le veut et ne le peut, il est impuissant, ce qui ne convient pas à Dieu ; s'il le peut et ne le veut, il est méchant, ce qui est étranger à Dieu. S'il ne le peut nile veut, il est à la fois impuissant et méchant, il n'est donc pas Dieu. S'il le veut et le peut, ce qui convient seul à Dieu, d'où vient donc le mal, ou pourquoi Dieu ne le supprime-t-il pas ?''
Religion - 17/20
Par une nuit noire et sans nuages, contemple la voûte étoilée. L'univers est là, il nous enveloppe, il nous dépasse :il est tout et nous ne sommes presque rien. Pascal y voit une source d'inquiétude. J"y vois plutôt un océan de paix, du moins lorsqu'il m'arrive de sentir plutôt que de penser (''celui qui pense ne perçoit pas ; celui qui perçoit ne pense pas'', disent les maîtres zen). Nous sommes dans l'univers ; nous faisons partie du Tout de la nature. Et c'est en contemplant cette immensité qui nous contient que nous prenons le mieux conscience , par différence, de notre propre petitesse.
Métaphysique - 17/20
La spiritualité (c'est ce qui la distingue de la métaphysique) relève de l'expérience davantage que de la pensée.Or, si nous avons une idée de l'infini, nous n'en avons aucune expérience. Nous avons une expérience de l'inconnu (savoir que l'on ne sait pas), laquelle fait partie de la spiritualité (c'est ce que j'appelle le mystère). Mais nous faisons l'expérience aussi, et d'abord, et surtout, de l'immanence et de l'immensité - ce que j'appellerais volontiers l'immanencité. Nous sommes dans le Tout, et celui-ci, fini ou pas, nous excède de toutes parts : ses limites, s'il en a, sont pour nous définitivement hors d'atteinte.
Spiritualité - 16/20
Le solence éternel de ces espaces infinid m'effraie.
Spiritualité - 17/20
La spiritualité est le contraire de l'introspection. On ne va pas passer sa vie à contempler son nombril, son inconscient ou son âme ! Il n'y a pas de vie intérieure, explique Alain,ou elle est mauvaise. Pas de monde intérieur, sinon pour la tristesse et l'ennui.
Spiritualité - 17/20
La vérité est trop grande pour moi - ou le moi,plutôt, trop petit pour elle. Cette petitesse, c'est ce que j'appelle l'égo. Cette grandeur, c'est ce que j'appelle l'esprit. C'est donc l'égo qui est esclave, et qui enferme : et l'esprit qui est libre, et qui libère
Spiritualité - 16/20
Ce n'est pas parce qu'une chose est bonne que nous la désirons, explique Spinoza, c'est inversément parce que nous la désirons que nous la jugeons bonne. Tel est aussi, me semble-t-il, l'esprit de la charité : ce n'est pas la valeur de son objet qui justifir l'amour, c'est l'amour qui donne de la valeur à ce qu'il aime. Aussi n'est-il de valeur que relative - qu'à proportion de l'amour que nous lui portons. C'est où le relativisme, l'athéisme et la fidélité peuvent se rejoindre : l'amour est la valeur suprême, puisqu'il n'est de valeur que par lui (fidélité), sans que j'y vois pourtant l'absolu (puisqu'il ne vaut que pour qui l'aime : relativisme), ni donc Dieu (athéisme).
Amour - 16/20